19.08.2003 - TPIR/MEDIAS - LE PROCUREUR REQUIERT l'EMPRISONNEMENT A VIE CONTRE TROIS ANCIENS RESPONS

Arusha 19 août 2003 (FH)- Le procureur a requis l'emprisonnement à vie pour trois Rwandais accusés D'incitation au génocide, au terme de son réquisitoire mardi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Les accusés sont deux responsables présumés de la Radio-télévision libre des Mille collines (RTLM), Ferdinand Nahimana et Jean-Bosco Barayagwiza ainsi que l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze.

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Le substitut camerounais du procureur, William Egbe, a soutenu que les accusés ne devraient bénéficier D'aucune circonstance atténuante, rapporte l'agence Hirondelle.

"Le génocide qui est le crime retenu contre les trois accusés est le crime suprême qui puisse être commis. Le crime contre l'humanité est également un crime grave. Ce sont les crimes qui choquent la conscience de l'humanité", a argumenté William Egbe..

Le parquet affirme que les médias dont les accusés étaient responsables visaient un même objectif, à savoir promouvoir l'idéologie hutue extrémiste et inciter à la haine et la violence contre les Tutsis.

William Egbe a décrit Ferdinand Nahimana comme "le directeur de la RTLM. C'était le patron. C'est lui qui tenait les rênes", a-t-il dit.

Il a ajouté que l'accusé Nahimana avait créé la RTLM, "le monstre qui a contribué à l'extermination de près D'un million de Rwandais".

"C'est quelqu'un dont l'autorité n'a jamais été contestée. C'était le conseiller politique aux affaires présidentielles de Sindikubwabo [le président intérimaire]. Il était professeur, le théoricien du génocide", a poursuivi William Egbe pour étayer son importance au sein de la société rwandaise en 1994.

S'agissant de Jean-Bosco Barayagwiza, en plus de son rôle à la RTLM, le représentant du parquet a indiqué qu'il était à la tête du parti radical anti-tutsi, la Coalition pour la défense de la République (CDR) et qu'il contrôlait les miliciens qui ont commis les massacres.

Le représentant du parquet a ajouté que son boycott du procès devrait être une circonstance aggravante supplémentaire.

En ce qui concerne Hassan Ngeze, Willam Egbe a estimé que "les preuves démontrent un responsable qui exerçait un contrôle sur les événements. Il n'était pas un vulgaire participant qui a suivi la foule: Loin de là."

Le procureur a allégué qu'il avait participé avec "fanatisme" à la campagne D'extermination des Tutsis. "Il est manifeste que la campagne menée par Hassan Ngeze ne se menait pas uniquement dans la presse. Elle se menait également dans la milice.", a soutenu William Egbe.

Ngeze est accusé de massacres de Tutsis dans sa région D'origine de Gisenyi (nord-ouest du Rwanda) et dans la ville de Kigali, la capitale.

"Ngeze était mobile, il était comme une météorite. Il se déplaçait comme la foudre. Ce n'est pas le messie, il a tué ", a conclu William Egbe.

Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud-africaine Navanethem Pillay et comprenant en outre les juges norvégien Erik Mose et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana.

Mercredi, la défense présentera ses plaidoiries.

AT/GF/FH(ME'0819B)