29.07.2003 - TPIR/GACUMBITSI - LE PREMIER TEMOIN A CHARGE A CLOS SA DEPOSITION

Arusha 29 juillet 2003 (FH) - Le premier témoin à charge dans le procès de l'ancien maire de Rusumo (province de Kibungo, est du Rwanda), Sylvestre Gacumbitsi , poursuivi pour génocide et crimes contre l'humanité, a clos sa déposition mardi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Sylvestre Gacumbitsi répond de cinq chefs D'accusation portant sur des massacres de Tutsis et des viols commis en avril 1994, à différents endroits de sa commune.

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Le témoin Patrick Fergal Keane, journaliste à la BBC, a visité les lieux en juin 1994. Il a par la suite rencontré Sylvestre Gacumbitsi dans le camp de réfugiés de Benaco, dans l'ouest de la Tanzanie.

"Les survivants rencontrés (dans la commune Rusumo) nous ont dit que Gacumbitsi était le principal responsable des tueries de la paroisse Nyarubuye ", a déclaré le témoin à plusieurs reprises.

La paroisse catholique de Nyarubuye est le plus grand site de massacres dans la province de Kibungo.

Interrogé au camp de Benaco, Gacumbitsi a nié ces allégations, selon le témoin.

Le journaliste a ajouté que Gacumbitsi a décrit la milice Interahamwe comme "un groupe culturel qui chantait, faisait de l'animation". Le parquet du TPIR considère les Interahamwe comme le fer de lance du génocide.

"J'ai été frappé par cette description, différente de l'impression générale que les Rwandais avaient des Interahamwe", a indiqué Patrick Fergal Keane.

Le témoin était contre-interrogé par l'avocat principal de Gacumbitsi, le Camerounais Me Kouengoua.

"Savez-vous que Gacumbitsi a écrit à la BBC pour protester contre ce que vous lui avez fait ?", a demandé l'avocat .

"La BBC n'a rien contre Gacumbitsi. Elle a simplement fait son travail", a répondu le témoin, niant être au courant D'une quelconque lettre émanant de l'accusé.

Mardi après-midi, l'accusation a cité son deuxième témoin, une femme tutsie qui était enceinte à l'époque des faits.

Dénommée "TAQ" pour préserver son identité, elle a notamment affirmé avoir été violée à Nyarubuye, sur ordre de l'accusé. Mme TAQ poursuit sa déposition mercredi.

Le procès se déroule devant la troisième chambre de première instance du TPIR, présidée, dans cette affaire, par la juge sénégalaise Andrésie Vaz et comprenant, en outre, les juges fidjien Jai Ram Reddy et russe Serguei Aleckseievich Egorov.

ER/AT/GF/FH(GA'0729A)