l'accusé regrette cependant ne pas avoir atteint ses visées économiques à Cyangugu, en raison de la guerre qui prévalait et qui s'est soldée par le génocide anti-Tutsis de 1994. Durant cette période, a-t-il dit, la sécurité dans la préfecture était la plus grande préoccupation des dirigeants.
En vue de résoudre cette question qui s'est aggravée avec l'attentat contre l'avion présidentiel du 6 avril 1994, Bagambiki a indiqué avoir tenu, à partir du 7 avril, plusieurs réunions avec des autorités civiles et militaires au niveau du comité préfectoral de sécurité.
En dépit de ces réunions, et du fait qu'il en avait informé les autorités hiérarchiques, l'accusé a concédé n'avoir pas réussi à garantir une sécurité totale dans la préfecture. Durant cette période, des milliers de Tutsis fuyaient, cherchant refuge dans des endroits publics, tels que les églises.
Je n'étais qu'un simple adhérent"
Se départant de la position de l'accusation, Bagambiki a nié avoir été membre influent de l'ex-parti présidentiel, le Mouvement Républicain National pour le Développement et le Démocratie (MRND). Selon un témoin expert du parquet, le sociologue français André Guichaoua, "Bagambiki était investi de pouvoirs énormes".
"Je n'étais membre ni du bureau, ni du conseil préfectoral [du MRND]", a-t-il protesté, ajoutant qu'il ne faisait pas non plus partie du comité central de ce parti tel que l'ont laissé entendre D'autres témoins à charge. "Je n'étais qu'un simple adhérent", a-t-il souligné.
l'accusé a par ailleurs nié avoir jamais participé à des réunions ou meetings du MRND à Cyangugu depuis sa nomination à la tête de la préfecture en 1992, en conformité avec la loi en vigueur à l'époque du pluralisme politique.
"Le ministre de l'intérieur avait donné des consignes aux préfets de ne pas participer aux meetings de leurs partis car ils devaient trancher les différends entre différents partis politiques", a-t-il expliqué. Or, l'accusation maintient que l'accusé a tenu plusieurs réunions avec des membres de l'ex-parti au pouvoir, en prélude aux massacres de 1994.
Bagambiki est co-accusé avec l'ancien ministre des transports et communications sous le gouvernement intérimaire, André Ntagerura, ainsi que l'ancien commandant du camp militaire de Karambo, à Cyangugu, le lieutenant Samuel Imanishimwe. Ils sont poursuivis pour des massacres perpétrés dans cette région durant le génocide de 1994. Ils plaident non coupable.
Le procès du groupe Cyangugu se déroule devant la troisième chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge George Williams de Saint Kitts et Nevis, assisté des juges russe, Yakov Ostrovsky, et slovène Pavel Dolenc.
Bagambiki poursuivra sa déposition lundi prochain.
GA/CE/GF/FH (CY'0327A)