14.05.2002 - TPIR/CYANGUGU - LE PROCES CYANGUGU A REPRIS AVEC l'AUDITION D'UN TEMOIN DE MORALITE

Arusha 14 mai 2002 (FH) - Le procès du groupe Cyangugu (sud-ouest du Rwanda) a repris mardi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Les débats avaient été reportés le 28 mars dernier, au terme de la déposition du dix-huitième témoin de la défense de l'ex-ministre des transports et communications sous le gouvernement intérimaire, André Ntagerura.

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André Ntagerura est co-accusé avec l'ancien préfet de Cyangugu Emmanuel Bagambiki, et l'ancien commandant du camp militaire de Karambo dans la même région, le lieutenant Samuel Imanishimwe. Tous trois plaident non coupables aux accusations de massacres commis à Cyangugu durant le génocide anti-tutsi de 1994.

A la reprise, la défense de Ntagerura a cité son dix-neuvième témoin, le Canadien Jean Ducharme, doyen de l'école de gestion à l'Université de Montréal. Il devait initialement déposer comme témoin protégé désigné par le pseudonyme "K7", mais il a demandé que les mesures de protection soient levées.

Jean Ducharme a été présenté comme "témoin de moralité" et non comme celui des faits.

Il a été doyen de la faculté des sciences sociales, économique et de gestion à l'Université nationale du Rwanda de 1977 à 1979 au moment où Ntagerura en était vice-doyen.

"André Ntagerura avait une réputation de travailleur acharné ; aux yeux de la communauté locale, il était dédié au développement de l'Université et de son pays", a déclaré le témoin, reconnaissant dans l'accusé "le sens de l'objectivité", ainsi que "l'intégrité, la cohérence et la rigueur dans la prise de décisions".

Le substitut ougandais du procureur, Richard Karegesya, a fait valoir que "la preuve apportée par ce témoin est antérieure aux faits imputés à l'accusé", ajoutant que "les personnes jouissant D'une bonne moralité sont capables D'inciter à la commission de crimes pour lesquels l'accusé est jugé".

l'avocat canadien de Ntagerura, Me Henry Benoît, a soutenu qu'il s'agit D'un "témoin de moralité" qui apporte "une preuve de réputation" qui va aider la chambre au cours de sa délibération avant de rendre le jugement.

Richard Karegesya n'a contre interrogé le témoin que très brièvement, estimant que la preuve apportée par ce dernier "ne permet pas à la chambre de statuer sur des questions posées devant elle".

Le procès du groupe Cyangugu se déroule devant la troisième chambre de première instance du TPIR présidée par le juge George Williams de Saint-Kitts et Nevis, et comprenant par ailleurs les juges, russe Yakov Ostrovsky et slovène Pavel Dolenc.

Les débats ont été reportés jusqu'à jeudi, la défense ayant expliqué que deux des témoins suivants sont attendus mercredi à Arusha.

GA/AT/GF/FH (CY-0514A)