"Il aurait été difficile pour Semanza de rester sur place lorsque la commune était occupée", a expliqué l'expert.
Le professeur Guichaoua est le deuxième témoin cité en réplique par le procureur en vue de détruire la défense D'alibi de l'accusé.
Semanza est poursuivi pour les massacres perpétrés à Bicumbi et dans la commune voisine de Gikoro durant le génocide de 1994. Le parquet situe l'essentiel de ses allégations entre le 9 et le 14 avril 1994. Semanza affirme avoir quitté sa résidence dans la nuit du 8 au 9 avril 1994, en direction de Gitarama (centre du Rwanda).
Lors de sa déposition du 24 avril 2001, le professeur Guichaoua avait indiqué que Semanza était à Murambi, une localité situé en préfecture Gitarama, "le 20 mai ou aux environs de cette date", et qu'il prenait part à des réunions du gouvernement intérimaire qui s'y était installé à partir du 11 avril 1994. "Cela n'exclut pas que Semanza ait pû se rendre à Bicumbi à des dates autres que celles que J'ai mentionnées", a déclaré le témoin, expliquant que les autorités faisaient des navettes entre Murambi, Gisenyi et Kigali.
A la question de déterminer la date à laquelle Semanza était arrivé à Murambi, le témoin s'est contenté de dire : "D'après les éléments dont je dispose, il est arrivé avant (le 20 mai 94)", sans donner une date précise.
Le conseil de l'accusé, l'avocat américano-camerounais, Me Charles Taku, a voulu savoir en quelle qualité son client pouvait participer à des réunions du gouvernement intérimaire. "Je dirais que le gouvernement intérimaire était une fiction", a répliqué le témoin, donnant pour exemples des ex-responsables de l'ex-parti présidentiel Joseph Nzirorera et Mathieu Ngirumpatse qui ont aussi, selon lui, pris part à ces réunions sans être membres de ce gouvernement.
Le parquet devrait citer prochainement un témoin protégé dénommé "XXK" pour préserver son identité, le procureur camerounais, Messina Teme, le policier kenyan Antipas Nyanjwa, expert en criminologie et en médicine légale.
Le procès Semanza se déroule devant la troisième chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge russe Yakov Ostrovsky, et composée par ailleurs des juges George Williams de Saint-Kitts et Nevis, et Pavel Dolenc de Slovénie.
GA/AT/FH (SE-0422A)