La Chambre a fait droit à la requête orale de la défense, et reporté à mercredi matin la déposition de son treizième témoin, dénommé "DAR" pour préserver son anonymat.
Le parquet a pour sa part exigé que la défense lui remette "une liste mise à jour" des témoins à décharge restants. La défense de Ntagerura a déjà cité douze témoins en l'espace de sept jours.
Ntagerura est co-accusé, avec l'ancien préfet de Cyangugu, Emmanuel Bagambiki, ainsi que l'ancien commandant du camp militaire de Karambo près de Cyangugu, le lieutenant Samuel Imanishimwe. Tous les trois plaident non coupables.
Dans la matinée de mardi, la défense a cité deux témoins, respectivement désignés par les pseudonymes "HOPE" et "K6H". M.HOPE a indiqué que Ntagerura n'avait jamais appelé aux massacres de Tutsis, expliquant au passage que "l'accusé avait des membres tutsis dans sa famille". Le témoin a déclaré que la belle-mère de l'accusé était tutsie.
Un témoin de l'accusation, nommé "LAI", a rapporté en septembre dernier que Ntagerura avait participé à une réunion de sensibilisation, le 28 janvier 1994, en prélude aux massacres contre la population tutsie. M.HOPE a affirmé ne pas être au courant D'une telle réunion. "On ne pouvait pas appeler au meurtre des Tutsis sans que tout le Rwanda entier le sache," a-t-il dit.
La représentante tanzanienne du parquet, Holo Makwaia, a relevé que le témoin ne pouvait pas décrire ce qui était arrivé à la population tutsie de Cyangugu durant le génocide de 1994, étant donné qu'il avait quitté la région en septembre 1993. "Je dois dire que je n'étais pas témoin direct, oculaire", a concédé le témoin.
S'agissant du témoin K6H, Makwaia a soutenu qu'il ne pouvait avoir connaissance du mouvement des véhicules de l'ONATRACOM (Office de transport en commun) à Cyangugu, puisqu'il était à Kigali à l'époque des faits imputés à l'accusé. Le parquet allègue que Ntagerura aurait autorisé que des véhicules de l'ONATRACOM (Office national de transports en commun) soient utilisés pour le déplacement des milices et l'approvisionnement en munitions dans la région de Cyangugu.
Le procès se déroule devant la troisième chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge George Williams de Saint Kitts et Nevis, et comprenant par
ailleurs les juges, russe Yakov Ostrovsky, et slovène Pavel Dolenc.
GA/AT/GF/FH (CY-0319A)