05.12.2001 - TPIR/MEDIAS - LE TRAITEMENT D'UN TEMOIN PROVOQUE LA POLEMIQUE

Arusha, le5 décembre 2001 (FH) - Le traitement D'un témoin du parquet a provoqué la polémique mercredi dans le procès des anciens responsables "des médias de la haine" en cours devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). l'avocate anglaise, Me Diana Ellis, co-conseil de l'ancien promoteur de la Radio-télévision libre des Mille collines (RTLM), Ferdinand Nahimana, un des accusés, a traité le trente sixième témoin de l'accusation de "menteur", déclenchant sa colère.

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Agnès Murebwayire a été journaliste à l'Office rwandais D'information (ORINFOR) pendant près de dix-huit ans et a été licenciée peu après la nomination de Ferdinand Nahimana à la direction de cet établissement public.

"S'il y a quelqu'un [D'autre] qui connaît la vérité, cette cour n'avait pas besoin de me faire venir et de me faire perdre du temps. Je ne veux pas me faire insulter. J'en avais déjà marre qu'on [le parquet] ait perdu mon témoignage. Je demande qu'on retire le terme menteur".

Le substitut américain du procureur, Stephen Rapp, a renchéri en déclarant que "lorsque les témoins se présentent devant cette chambre, ils le font de leur propre gré. Nous demandons qu'ils soient traités avec égards".

Stephen Rapp a recommandé à cet effet que l'on évite D'utiliser des termes péjoratifs. Le représentant du parquet a soutenu que dans le cas contraire, des témoins refuseraient de se présenter à la barre, non pas par peur que leurs dépositions soient mises en cause mais par crainte "D'être humiliés par des termes qui font penser qu'ils seraient eux-mêmes accusés".

Me Ellis a rétorqué que le contre-interrogatoire consiste à tester la crédibilité du témoin."Je suggère que ce témoin ment. Il n'y pas à dire qu'elle a oublié. J'accuse quelqu'un de mentir quand il n'y a pas moyen de suggérer qu'il y a erreur. Je ne comprends pas un système de contre-interrogatoire où vous ne pouvez pas suggérer qu'il y a eu mensonge", a-t-elle plaidé.

Le juge norvégien Erik Mose, qui présidait les débats, a estimé que les traditions diffèrent selon les systèmes juridiques mais a invité les parties à éviter l'utilisation de termes à connotation péjorative.

Me Ellis a déclaré que son client est accusé de crimes graves et qu'elle ne peut le défendre adéquatement en utilisant "des euphémismes".

La question du traitement des témoins au TPIR a ressurgi après que des associations de femmes rwandaises se sont plaintes D' "harcèlement" D'un témoin dans le procès du groupe Butare (sud du Rwanda).

La présidente du TPIR, la juge sud-africaine Navanethem Pillay, a promis D'analyser ce problème.La déposition D'Agnès Murebwayire se poursuit jeudi matin.
AT/DO/FH (ME_1205A )