13.11.2001 - TPIR/MEDIAS - LE PROCES DES MEDIAS A REPRIS APRES UNE PAUSE DE SEPT SEMAINES

Arusha, le13 novembre 2001 (FH) - Le procès des anciens responsables des "médias de la haine" a repris mardi matin devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) après une pause de sept semaines. Ouvert sur le fond en octobre 2000, le procès avait été ajourné le 17 septembre dernier après l'audition de trente témoins du parquet.

2 min 31Temps de lecture approximatif

Dans l'intervalle, la chambre a mené le procès D'un pasteur rwandais coaccusé avec un de ses fils.

Le procès des médias concerne l'ancien promoteur de la Radio-télévision libre des Mille Collines (RTLM), Ferdinand Nahimana, l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze, ainsi que l'ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza. Ce dernier boycotte le procès depuis son ouverture,arguant que le TPIR est manipulé par le gouvernement rwandais.

Le procès des médias se déroule devant la première chambre de première instance présidée par la juge sud-africaine Navanethem Pillay et comprenant en outre les juges norvégien Erik Mose et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana.
Mardi matin, le Tribunal a débattu de l'opportunité D'entendre un nouveau témoin à charge désigné par les lettres "ABH" pour protéger son anonymat.

La défense de Hassan Ngeze s'était opposée à son audition, expliquant que le parquet ne lui a pas clairement notifié son intention de le citer. La chambre, dans sa majorité, a autorisé la déposition de ABH, même si elle a déclaré avoir certains "sujets D'insatifaction". Dans une opinion dissidente, le juge Gunawardana a considéré que le témoignage de ABH porterait préjudice à la défense de Hassan Ngeze.

Contacté par le parquet depuis 1996, ABH a fait jusqu'ici trois déclarations dont deux ne font nullemement référence à l'ancien directeur de Kangura contre qui il est appelé à déposer.

La déclaration qui incrimine Hassan Ngeze date seulement D'août 2001, dix mois après le démarrage du procès. Le juge Gunawardana a estimé que "ce genre de procédure ne devrait pas être encouragé.".

Le Tribunal a accepté que la voix du témoin soit altérée lors de sa déposition, pour des raisons de sécurité. l'avocat américain de Hassan Ngeze, Me John Floyd, avait déclaré qu'il s'agissait D'une personnalité publique, qui ne nécessitait pas des mesures spéciales de protection.

Le témoin devrait déposer sur le rôle présumé de Hassan Ngeze dans la confection des listes de Tutsis à tuer ainsi que sur ses activités au sein de la milice affiliée à l'ex-parti présidentiel, les Interahamwe.

Me Floyd a déclaré qu'il s'agissait D'un "témoin fabriquée par le bureau du procureur". "C'est un témoin qui va racontrer des mensonges, nous avons besoin de la publicité des débats", a poursuivi Me Floyd, s'opposant à son audition à huis clos ainsi qu'au système de brouillage de la voix. La chambre a décidé que Me Floyd développe ses arguments à huis clos.
Me Floyd s'est également montré préoccupé par le fait que son contre-interrogatoire pourrait porter préjudice à Ferdinand Nahimana et a demandé un procès séparé pour Ngeze. La chambre a rejeté sa requête.

Hassan Ngeze a prié la chambre de lui donner la parole mais elle la lui a refusé. "Ma défense devrait être assurée aujourD'hui plus que jamais. Puissiez vous m'en donner la chance ?", a demandé Hassan Ngeze. l'ancien journaliste a maille à partir avec ses avocats depuis plusieurs mois mais n'est pas parvenu à les faire remplacer. Le Tribunal avait pour la première fois ordonné D'altérer la voix D'un témoin dans le procès conjoint de l'ancien préfet de Kibuye (ouest du Rwanda), Clément Kayishema, et de l'homme D'affaires Obed Ruzindana, mené par la deuxième chambre.
AT/DO/FH (ME_1113A )