Le parquet allègue que la RTLM a incité au génocide des Tutsis et aux massacres d’opposants.
"Vous êtes venue exagérer l’écoute, l'impact de la RTLM", a suggéré l’avocate anglaise Me Diana Ellis, co-conseil dans l’affaire de l’ancien promoteur de la RTLM, Ferdinand Nahimana, un des coaccusés dans ce procès. "Exagérer, je ne pense pas. Dans quel but ?", s’est interrogé le témoin. "Parce que même si Nahimana est condamné, ça ne ramènera pas en vie les gens qui sont morts. Ca ne remettra pas en état mon esprit et mon cœur en miettes. Je n’ai pas de raisons d’exagérer", s’est expliqué le témoin.
Mme BI a indiqué que de mars 1998 à avril 2000, elle a eu des problèmes psychologiques résultant "de tout ce que j’avais subi pendant la période de guerre, et même avant et après".
Me Ellis a soutenu que le témoin n’a pas écouté régulièrement la RTLM, arguant qu’elle se trouvait la plupart du temps à l’étranger. Le témoin a répondu que ses fréquents séjours hors du Rwanda étaient de courte durée.
L’avocate anglaise a suggéré que la création de la RTLM procédait de la liberté d’expression garantie à l’époque au Rwanda. "La liberté de parole de la RTLM était tendancieuse. Elle était nuisible", a déclaré le témoin, ajoutant que cette liberté était "mal orientée sciemment."
Me Ellis a par ailleurs voulu savoir si le Rwanda ne serait pas resté en paix si la rébellion à dominante tutsie du Front patriotique rwandais (FPR) n’avait pas attaqué le pays en octobre 1990. Le témoin a répondu que "avec des si, on dit qu’on peut mettre Paris dans une bouteille. Je ne sais pas vous dire si ce qui s’est passé au Rwanda ne se serait pas passé si le FPR n’avait pas attaqué".
Ferdinand Nahimana est coaccusé avec l’ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze, ainsi que l’ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité d’initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza.
La déposition de BI se poursuit mardi matin.
AT/PHD/FH(ME_0514A)