01.02.2001 - TPIR/CYANGUGU - LE PROCES CYANGUGU SUSPENDU JUSQU'AU 12 FEVRIER

Arusha 1er février 2001 (FH) - Le procès dit de Cyangugu a été suspendu par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), jusqu'au 12 février prochain. Le parquet accuse conjointement l'ancien commandant de la garnison militaire de Cyangugu le lieutenenant Samuel Imanishimwe, l'ancien préfet de cette préfecture Emmanuel Bagambiki, et l'ancien ministre des Transports, André Ntagerura, originaire de Cyangugu.

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Les trois coaccusés sont poursuivis pour génocide et crimes contre l'humanité commis en préfecture de Cyangugu. Imanishimwe est en outre poursuivi pour violations des conventions de Genève applicables en temps de guerre. Ils plaident non-coupable.

Le procès a été ajourné après l'audition du vingtième témoin de l'accusation, présenté sous le pseudonyme "MA" pour protéger son anonymat. M. "MA", un hutu originaire de la préfecture de Cyangugu (sud-ouest du Rwanda), et fonctionnaire au ministère des finances à Kigali au moment des faits, a affirmé avoir regagné sa préfecture D'origine, peu après la mort de l'ex-président rwandais Juvénal Habyarimana, pour échapper à son enrôlement dans le contrôle des barrages routiers.

Le témoin a déclaré qu'après la mort du président, des barrages étaient érigés par les miliciens Interahamwe pour identifier les Tutsis et les Hutus modérés, et quiconque ne voulait pas y collaborer était considéré comme complice de l'ennemi. M."MA" a affirmé qu'arrivé à Cyangugu, accusé D'être complice, il a été emprisonné au camp militaire que contrôlait le lieutenant Imanishimwe.

"J'étais avec D'autres prisonniers, à majorité Tutsi, et vers deux ou trois heures du matin, certains D'entre nous ont été conduits à l'extérieur, dans l'obscurité, on a aussitôt entendu des coups de feu," a déclaré le témoin. " Probablement qu'ils ont été tués."

Le parquet allègue qu'entre les mois D'avril à juillet 1994, "le lieutenant Imanishimwe a participé avec ses militaires à la sélection et l'arrestation des Tutsis dont certains furent par la suite exécutés au camp militaire de Cyangugu. De plus, le lieutenant Samuel Imanishimwe aurait ordonné à des militaires D'exécuter certaines personnes soupçonnées D'être tutsies.

Le procès est entendu par la troisième Chambre du TPIR, présidée par le juge jamaicain Lloyd Williams et composée en outre du juge russe Yakov Ostrovsky, et du slovène Pavel Dolenc. La Chambre entend ce procès en alternance avec celui de l'ancien maire de Bicumbi Laurent Semanza, qui devrait reprendre le 5 mars prochain, selon un calendrier du TPIR.

GG/BN/JC/FH (CY_0201A)