07.11.2000 - TPIR/MEDIAS - l'EX-JOURNALISTE HASSAN NGEZE ACCUSE DE RACISME

Arusha 7 novembre 2000 (FH) - Un témoin a accusé de racisme son ancien directeur, le rédacteur en chef du journal Kangura, Hassan Ngeze, lors de sa déposition mardi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). "Oui en quelque sorte il était raciste, parce qu'il "satanisait" les Tutsis", a indiqué le deuxième témoin de l'accusation, un ancien ,journaliste actuellement emprisonné au Rwanda, au troisième jour de son contre-interrogatoire.

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Désigné par le pseudonyme "AHA" pour protéger son anonymat, le témoin a répondu à l'avocat américain de Hassan Ngeze, Me John Floyd, que "quand vous lisez ce qu'il a écrit, c'est là la preuve que qu'il détestait les Tutsis".

Me Floyd a pour sa part soutenu que Hassan Ngeze était un journaliste enquêteur, animé par la liberté D'expression et qui défendait les intérêts de la République. "Peut-être la République hutue", lui a, de son côté, rétorqué le témoin. Selon AHA, Ngeze était un journaliste engagé, "au service de tous les Hutus du monde".

l'avocat de Hassan Ngeze a laissé entendre que le fait que son client aimait les Hutus ne signifiait pas qu'il était contre les Tutsis.

"Ngeze ajoutait des choses qui étaient très dangereuses. Peut-être qu'il ne le réalisait pas. Il voulait que les Hutus soient au-dessus de tout le monde. Il voulait leur faire comprendre qu'ils étaient menacés", a dit le témoin.

Le témoin AHA a ajouté que le journal Kangura et la Radio-télévision libre des Mille collines (RTLM) menaient un combat pour les Hutus, contre la rébellion tutsie.

Hassan Ngeze voulait faire comprendre aux Tutsis que leur plan avait été découvert, selon le témoin, qui faisait allusion à la conquête du pouvoir par la force.

"Pour faire face à cette politique de la rébellion, Ngeze est allé plus loin que ce qu'il fallait faire. Il voulait que tous les Hutus soient extrémistes", a-t-il poursuivi.

l'ancien journaliste AHA a signalé en outre que Kangura a publié des listes de complices de la rébellion. "En publiant ces listes, on ne mesurait pas le danger que cela pouvait représenter", a-t-il dit, expliquant que ces listes ont servi D'indication aux tueurs pendant le génocide anti-tutsi et les massacres D'opposants.

Evoquant les "dix commandements des Hutus" publiés par Kangura et par D'autres journaux avant lui, le témoin a affirmé que "les commandements comme ça pouvaient créer une situation de guerre civile".

Les Hutus ont vu les Tutsis comme leurs ennemis et vice-versa, a souligné le témoin, ajoutant qu'auparavant ils se considéraient comme des citoyens.

Un de ces commandements mettaient en garde les Hutus contre le fait D'épouser des femmes tutsies ou D'en faire leurs concubines, a rapporté l'accusation.

Le témoin AHA a cependant expliqué que le but de Kangura n'était pas D'exterminer les Tutsis. "Les supprimer pour les supprimer n'était pas à l'ordre du jour", selon AHA.

Le témoin a indiqué que l'attentat contre l'ancien président Habyarimana, qui a déclenché le génocide anti-tutsi, avait été interprété comme "la fin des Hutus".

Dans sa déposition, le témoin a concédé à la défense que Hassan Ngeze avait sauvé des Tutsis pendant le génocide.

"M.Ngeze était complexe. Car la personne qui écrivait était différente de l'individu", a-t-il dit. AHA avait, au demeurant décrit Hassan Ngeze, comme

Le témoin devrait terminer sa déposition mardi après-midi.

Hassan Ngeze est coaccusé avec l'ancien directeur de la RTLM, Ferdinand Nahimana, et l'ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza.

Jean-Bosco Barayagwiza boycotte le procès depuis son ouverture sur le fond le 23 octobre.

AT/PHD/FH (ME%1107A)