30.05.2000 - TPIR/BAGILISHEMA - UN PSYCHIATRE MAURITANIEN AFFIRME AVOIR FAIT UN EXAMEN HONNETE DE l'

Arusha 30 mai 2000 (FH) - Un psychiatre mauritanien entendu comme témoin expert de la défense dans le procès de l'ancien maire de Mabanza (préfecture Kibuye, ouest du Rwanda), Ignace Bagilishema, a affirmé mardi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). avoir fait un examen honnête de l'accusé, "J'ai voulu être honnête," a répondu le Dr Al Housseynou Dia, au cours de son contre-interrogatoire, expliquant qu'il aurait abouti aux mêmes conclusions s'il avait été mandaté par l'accusation.

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La représentante ougandaise du parquet, Jane Anywar Adong, a exprimé des doutes sur la véracité du rapport de l'expert Dia qui a examiné Ignace Bagilishema, arguant qu'il se base sur les déclarations de l'accusé. "Il y a une forte présomption qu'il ait agi tel qu'il l'a dit," a souligné le témoin expert, ajoutant :"je ne cherche pas la vérité des faits, je cherche à vous montrer une personnalité qui a pu réagir devant les événements".

Le Dr Dia a présenté Ignace Bagilishema comme un homme timide, de bonne moralité, profondément religieux et orienté vers le bien. Le témoin a expliqué qu'en situation D'angoisse ou de peur, l'accusé est plutôt porté "à penser qu'agir, à prier plutôt qu'à faire autre chose".

Ignace Bagilishema est accusé de massacres de Tutsis dans quatre communes de la préfecture de Kibuye. Il plaide non coupable. Des témoins de la défense ont affirmé que les massacres à Mabanza ont été commis par des assaillants "Abakiga", venus des communes voisines. l'accusé n'a pas reçu des renforts militaires demandés, plaide la défense.

A la question de savoir si un homme timide pouvait cacher des Tutsis persécutés comme l'ont affirmé les témoins de la défense, le Dr Dia a répondu que "être timide ne signifie pas être peureux. C'est avoir une certaine attitude de retenue par rapport aux personnes en face. On a peur de s'exprimer devant les autres. Mais on peut être parfaitement courageux et avoir un sens humain très prononcé pour sauver les gens".

Le parquet a également demandé si l'accusé a exprimé des remords ou de la tristesse, lors de l'examen psychiatrique. "Je crois qu'il en est resté profondément touché. Ce que J'ai compris, c'est qu'il a trouvé tout à fait désespérant de ne pas pouvoir arrêter cela," a répliqué le Dr Dia.
Le juge turc Mehmet Güney a déploré le fait que les remords de l'accusé ne sont pas consignés dans le rapport de l'expert. "C'est plus une lacune de ma part, je ne pense pas qu'il fallait tout écrire. [...] Il [l'accusé] pense que cela a été une grande catastrophe, la mort des êtres humains," selon le Dr Dia.
Ignace Bagilishema est le troisième accusé devant le TPIR à être examiné par un médecin dans le cadre du procès, après l'ancien préfet de Kibuye, Clément Kayishema, et l'homme D'affaires, Obed Ruzindana.
Selon le règlement du TPIR, "une chambre de première instance peut, D'office ou à la demande D'une partie, ordonner un examen médical, y compris psychiatrique, ou un examen psychologique de l'accusé. Dans ce cas, le greffier confie cette tâche à un ou plusieurs des experts dont le nom figure sur une liste préalablement établie par le greffe et approuvée par le bureau".

Ignace Bagilishema est défendu par les avocats français, Me François Roux, et mauritanien, Me Maroufa Diabira. l'accusé témoignera dès jeudi prochain pour sa propre défense.

AT/FH (BS%0530A. )