LES GACACA SE METTENT EN ROUTE

Kamashashi/Kigali, 19 juin 2002 (FH) – Kamashahi est l'une des cinq cellules du secteur Nyarugunga, dans le district de Kanombe, à une douzaine de kilomètres du centre de la capitale rwandaise Kigali. Mercredi, tous ses habitants âgés d'au moins 18 ans se sont retrouvés en assemblée générale de leur Gacaca, pionnière dans la ville de Kigali pour les procès populaires des exécutants du génocide qui a fait plus d'un million de morts en 1994.

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Comme dans tout autre tribunal, et pour sa sérénité, il est interdit de prendre des sons, des photos ou des images de la séance, au cours de laquelle les habitants se rappellent les règles que les Gacaca devront suivre. Ils doivent par ailleurs fixer un jour précis où ils devront siéger une fois par mois pour juger leurs accusés.

"Nous étions venus ici pour nous rappeler ce qu'est Gacaca; nous avons expliqué à la population ce que nous avons appris dans nos formations et ce qu'on attend d'elle lorsque les procès commenceront", déclarera le président de la juridiction de Kamashashi, Jean-Damascène Murwanashyaka, aux journalistes à l'issue de deux heures de discussions "à huis clos". C'est ici que nous nous réunirons pour les procès; nous reviendrons mercredi prochain pour commencer le recensement des gens qui habitaient notre cellule avant le génocide, ceux qui y ont été tués, les suspects et les dégâts matériels; "chaque catégorie a son propre registre", a-t-il ajouté.

Après Kamashashi, c'est la cellule de Gihanga du même secteur qui inaugure son Gacaca jeudi. Ainsi, les Gacaca de 80 cellules de douze secteurs pilotes, choisis dans les onze provinces du pays et la ville de Kigali comme test, vont démarrer ces jours-ci.

Ca a bien commencé, a indiqué la vice-présidente de la Cour suprême en charge du Département des Juridictions Gacaca, Mme Aloysie Cyanzayire. La population a répondu massivement. Les juges font très bien leur travail. Les gens parlent librement, ouvertement et en toute confiance. C'est cela exactement que nous voulions, a-t-elle déclaré avant d'ajouter : "Nous espérons que ça continuera ainsi".

Concernant la sécurité des procès, Mme Cyanzayire a expliqué que des mesures avaient été prises. Un certain nombre d'agents de police et de membres de la "local defense forces" étaient présents à Kamashashi. Et au sujet du bénévolat des juges, la présidente des Gacaca a déclaré que "ces gens vont faire un travail important pour le pays. Le gouvernement a pensé à certaines mesures, qui ne sont pas nécessairement un salaire, des mesures à caractère social, notamment les soins médicaux gratuits pour eux-mêmes et leur famille, ou encore l'enseignement primaire gratuit pour leurs enfants".

WK/GF/FH (RW0619A)