Pérou: des crises politiques en série depuis 2000

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Le Pérou, où le président Castillo vient de dissoudre le Parlement avant que celui-ci ne le destitue, ouvrant a connu une série de crises politiques depuis la destitution d'Alberto Fujimori en 2000.

- Destitution de Fujimori -

Le 21 novembre 2000, après un scandale de corruption, le Parlement destitue pour "incapacité morale permanente" Alberto Fujimori, président depuis 1990, qui a présenté la veille sa démission depuis le Japon où il a fui.

Extradé, il est condamné en 2009 à 25 ans de prison pour corruption et crime contre l'humanité. La Cour constitutionnelle a ordonné sa libération le 17 mars 2022.

- Crises gouvernementales -

En 2003, le président centriste Alejandro Toledo décrète l'Etat d'urgence face à une vague de mécontentement social. Une partie de l'opposition et de la presse demande son départ "pour incompétence". Le gouvernement démissionne en bloc.

En 2008, le président social-démocrate Alan Garcia accepte la démission du gouvernement après la découverte d'une affaire présumée de corruption en faveur de la compagnie pétrolière norvégienne Discover Petroleum.

En 2011, Ollanta Humala devient le premier président de gauche depuis 36 ans. Un an plus tard, les membres de son gouvernement, critiqués pour leur gestion de conflits sociaux (17 morts), démissionnent.

En 2015, la cheffe du gouvernement Ana Jara est renversée par une motion de censure, une première en 50 ans, après une affaire d'espionnage.

- Démission de Kuczynski, Humala inculpé -

Elu en 2016, le président de centre droit Pedro Pablo Kuczynski est visé par une enquête pour blanchiment d'argent présumé dans le scandale de corruption du géant brésilien de travaux publics, Odebrecht.

"PPK" démissionne en 2018 à la veille d'un probable vote parlementaire pour le destituer. Il est placé en détention provisoire, puis en résidence surveillée.

Ollanta Humala est placé en détention provisoire en 2017, accusé d'avoir reçu trois millions de dollars d'Odebrecht lors de sa campagne électorale. Il est jugé, ainsi que son épouse, depuis le 21 février 2022.

- Keiko Fujimori arrêtée -

La cheffe de l'opposition Keiko Fujimori, fille d'Alberto, également cible d'une enquête dans l'affaire Odebrecht, est arrêtée en 2018 et effectue 16 mois de détention préventive.

En mars 2022, trente années de réclusion sont requises contre elle.

- Suicide de Garcia -

Soupçonné dans une affaire de blanchiment d'argent présumé liée au scandale Odebrecht, l'ex-président Alan Garcia se suicide en avril 2019.

- Toledo arrêté -

Également soupçonné de corruption dans ce scandale, l'ex-président Alejandro Toledo est arrêté en 2019 aux États-Unis. La justice américaine autorise son extradition en septembre 2021.

- Vizcarra destitué, 3 présidents en 5 jours -

En septembre 2019, le président Martin Vizcarra dissout le Parlement contrôlé par l'opposition fujimoriste et annonce des législatives anticipées.

Le Parlement réplique en le suspendant pour un an et vote son remplacement par la vice-présidente. Mais les chefs militaires, la police et des gouverneurs régionaux soutiennent le président. La vice-présidente démissionne.

En janvier 2020, les fujimoristes perdent les législatives.

En novembre, le Parlement destitue Martin Vizcarra pour "incapacité morale", sur fond d'accusation de pots-de-vins présumés.

Le chef du Parlement Manuel Merino devient président intérimaire mais démissionne au bout de cinq jours. Il est remplacé par Francisco Sagasti.

Le 19 juillet 2021, le candidat de gauche Pedro Castillo est proclamé vainqueur de l'élection présidentielle.

- Tentatives de destitution contre Castillo -

En décembre 2021, puis à nouveau en mars 2022, le parlement rejette deux demandes de destitution pour "incapacité morale" contre Pedro Castillo.

En août, il fait au total l'objet de six enquêtes pour corruption et trafic d'influence.

Le 11 octobre, la justice dépose un recours constitutionnel l'accusant du délit d'organisation criminelle de corruption. C'est la première fois qu'un président en exercice est visé par un tel recours, qui peut entraîner sa suspension.

- Gouvernement d'exception -

Le 7 décembre, Pedro Castillo ordonne la dissolution du Parlement quelques heures avant que celui-ci ne vote la destitution du président.