Deux ans après le coup d'Etat militaire contre Aung San Suu Kyi, la Birmanie reste plongée dans le chaos: des milices citoyennes ont pris les armes contre les généraux qui étouffent durement la contestation.
Plus de 2.800 personnes ont été tuées sous la répression de la junte, d'après une ONG locale. L'armée a comptabilisé de son côté au moins 3.900 civils tués.
Voici un rappel des principaux événements depuis le 1er février 2021.
- Passage en force -
Le 1er février 2021, l'armée arrête la dirigeante civile Aung San Suu Kyi et met fin à dix années de transition démocratique.
Le putsch, justifié selon les militaires par des fraudes massives lors du scrutin national de novembre 2020 remporté largement par le parti de la prix Nobel de la paix (LND), suscite un concert de protestations internationales.
Le 3, Suu Kyi est inculpée pour avoir importé illégalement des talkies-walkies. De nombreuses autres inculpations suivront.
- Fronde inédite -
Des dizaines de milliers de personnes manifestent. Le 9 février, la police ouvre le feu. Une première victime décède quelques jours plus tard.
Une grève générale est décrétée, suivie par des dizaines de milliers de travailleurs (fonctionnaires, enseignants, médecins...).
- Sanctions -
Le 10 février, Washington annonce des sanctions ciblées notamment contre le chef de la junte Min Aung Hlaing.
D'autres mesures coercitives sont ensuite imposées par les Etats-Unis, le Canada, l'Union européenne et le Royaume-Uni.
- Répression meurtrière -
Tirs à balles réelles, détentions arbitraires, mauvais traitements: la répression s'intensifie.
Le 27 mars, "Journée des forces armées", plus de 100 civils sont tués, le bilan quotidien le plus lourd depuis le coup d'État.
- Raids aériens -
Le 31 mars, une faction rebelle Karen dans l'est du pays attaque une base de l'armée qui riposte par des raids aériens, une première depuis plus de 20 ans dans cette région.
- Gouvernement de résistance -
Le 16 avril, des députés déchus forment avec des représentants de minorités ethniques un "gouvernement d'unité nationale" (NUG).
Des milices citoyennes sont mises en place pour mener des attaques contre les militaires, soutenues par certaines factions ethniques rebelles.
- Divisions internationales -
Le 24 avril, l'Asean (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) essaie de rétablir le dialogue. Très peu de progrès ont été faits depuis.
Le 18 juin, l'Assemblée générale de l'ONU adopte une résolution non contraignante appelant "les Etats membres à empêcher l'afflux d'armes" vers la Birmanie.
La Russie et la Chine bloquent toute idée de sanction.
- Procès -
Le procès contre Suu Kyi s'ouvre le 14 juin, des observateurs dénoncent une procédure "politique".
- Elections annulées -
Le 26 juillet, la junte, dénonçant plus de 11 millions de votes frauduleux, annule le résultat des législatives de novembre 2020. Min Aung Hlaing promet un nouveau scrutin en 2023.
Aung San Suu Kyi est visée par une première condamnation le 6 décembre: quatre ans de prison pour incitation aux troubles publics et violation des règles sanitaires liées au Covid, une peine réduite ensuite à deux ans.
- Massacre -
La veille de Noël 2021, au moins 35 personnes sont tuées dans l'Etat de Kayah, un massacre imputé aux militaires.
Les combats entre armée et rebelles s'intensifient dans cette région avec des dizaines de milliers de civils déplacés. Certains trouvent refuge en Thaïlande.
- Retrait -
Fin janvier 2022, face aux "violations des droits humains", le français TotalEnergies, l'américain Chevron et l'australien Woodside annoncent leur retrait du pays.
- Tueries en masse selon l'ONU -
Le 15 mars, l'ONU dénonce des tueries de masse en Birmanie, accusant l'armée de possibles crimes contre l'humanité et crimes de guerre.
- Premières exécutions -
Le 5 juillet, la junte exécute quatre prisonniers, dont un ancien député pro-démocratie du parti d'Aung San Suu Kyi et un célèbre opposant.
Ces exécutions, les premières depuis des décennies, provoquent un nouveau tollé d'une partie de la communauté internationale.
Plusieurs jours plus tard, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, en visite à Naypyidaw, salue l'initiative des généraux de vouloir organiser un scrutin.
- Attaques aériennes -
En septembre, une attaque aérienne de l'armée, qui visait des rebelles, tue au moins onze enfants d'une école de la région de Sagaing.
Le mois suivant, environ 50 personnes trouvent la mort dans des frappes de l'armée de l'air, lors d'un concert organisé par un important groupe ethnique rebelle, dans l'Etat Kachin.
- Libération massive de prisonniers -
Le 18 novembre, la junte annonce la libération de près de 6.000 prisonniers, dont une ancienne ambassadrice britannique, un journaliste japonais et un conseiller australien du gouvernement de Suu Kyi.
- Fin d'un procès-fleuve -
Le 30 décembre, le procès-fleuve long de 18 mois d'Aung San Suu Kyi s'achève avec une peine de prison de sept ans supplémentaires pour corruption, soit 33 ans au total derrière les barreaux.
- Des élections en 2023 ? -
En janvier, la junte birmane répète qu'elle organisera des élections multipartites "libres et équitables".
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