Le Canada dévoile un plan pour enrayer la violence contre les femmes autochtones

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Le gouvernement canadien a dévoilé jeudi un plan d'action national visant à enrayer la violence contre les femmes autochtones, deux ans après un rapport qui avait dénoncé un véritable "génocide" à leur encontre.

"Aujourd'hui, ensemble on lance le plan d'action national qui comprend des mesures concrètes pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles autochtones", a dit le Premier ministre Justin Trudeau lors d'une visioconférence.

Ottawa va investir 2,2 milliards de dollars canadiens (1,5 milliard d'euros) supplémentaires pour "mettre fin à cette tragédie nationale" mais aussi "améliorer la vie des autochtones et faire progresser la réconciliation", a déclaré M. Trudeau.

Ce plan, qui vise aussi à lutter contre les violences ciblant les personnes autochtones issues de minorités sexuelles, survient deux ans après la publication d'une enquête publique qui avait conclu que les femmes autochtones assassinées ou disparues au Canada ces dernières décennies ont été victimes d'un véritable "génocide".

Elle indiquait que le taux d'homicides des femmes autochtones était sept fois plus élevé que celui des femmes non autochtones.

Le pays est encore sous le choc après la découverte, la semaine dernière, des restes de 215 enfants autochtones sur le site d'un ancien pensionnat en Colombie-Britannique, géré par l'Eglise catholique au nom du gouvernement.

"De nombreuses causes profondes de la violence que nous observons aujourd'hui trouvent leur origine dans la perte de culture, d'identité, de liens familiaux et (dans les) mauvais traitements infligés aux enfants par le système des pensionnats", a affirmé Carolyn Bennett, ministre chargée des Relations avec les Autochtones.

Ce plan d'une centaine de pages prévoit notamment la mise en place de mesures pour "garantir un logement stable et durable", un "revenu annuel viable garanti" ou encore de programmes de prévention de la violence.

M. Trudeau a fait de la réconciliation avec les premiers peuples du Canada l'une de ses priorités depuis son arrivée au pouvoir en 2015.

Elaboré en partenariat avec des organisations et communautés autochtones, le plan vise à mettre fin au racisme et à la violence systémiques à l'égard des femmes, des filles et des personnes bispirituelles, lesbiennes, gay, bisexuelles, transgenres, queers, en questionnement, intersexuées ou asexuelles.

Le terme "bispirituelles" renvoie aux personnes s'identifiant comme ayant à la fois un esprit féminin et un esprit masculin chez les autochtones.

Le document a toutefois été critiqué notamment par l'Association des femmes autochtones du Canada, qui a regretté l'absence de détails sur sa mise en oeuvre.

De son côté, le gouvernement du Québec a annoncé jeudi qu'il allait investir 25,8 millions de dollars canadiens (17,6 millions d'euros) pour prévenir et contrer la violence conjugale et les féminicides dans les milieux autochtones.

Ces fonds viseront notamment à développer les lieux d'hébergement pour les victimes de violence conjugale au Nunavik, au nord de la province, et une partie sera mise à la disposition des corps de police autochtones, selon un communiqué.

"Il s'agit là d'une initiative par et pour la communauté, qui vise à répondre à un besoin réel des femmes autochtones et notamment celles du Nunavik, qui sont hélas surreprésentées parmi les victimes de féminicides", a déclaré Lionel Carmant, ministre québécois délégué à la Santé et aux Services sociaux.