LE RWANDA DEMANDE DES ECLAIRCISSEMENTS AU TPIR

Arusha, 23 mars 2000 (FH) - Kigali a demandé au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) de clarifier ses relations avec le journal canadien, "The National Post", qui prétend être en possession d'un rapport "explosif" des Nations Unies. Le représentant du Rwanda auprès du TPIR, Martin Ngoga, a nié, jeudi, que l'attentat contre l'avion présidentiel qui a déclenché le génocide de 1994 était supervisé par l'actuel vice-président rwandais, ainsi que l'affirme l'article du National Post, et a déclaré que Kigali entendait "mener l'affaire jusqu'à son terme".

1 min 57Temps de lecture approximatif

"Le tribunal devrait faire connaître ses relations avec [...] le journal qui a publié cet article parce qu'il se réfère à des investigateurs du TPIR comme source", a déclaré Ngoga dans une conférence de presse. "Nous n'avons pas l'intention de porter préjudice aux prérogatives du tribunal, mais les parties mises en cause par l'article ont le droit de poursuivre quiconque est impliqué. Pour autant que l'on se réfère au tribunal, il est impliqué".

"Nous voulons que le tribunal nous prépare le chemin pour la poursuite de cette affaire jusqu'à son terme", a poursuivi Ngoga. Selon lui, le tribunal a été "faussement cité" et l'article serait l'œuvre de "forces négatives" et révisionnistes opposées au gouvernement de Kigali et cherchant à minimiser le génocide.

A la question de savoir ce qu'il entendait dire par la poursuite de l'affaire jusqu'à son terme, Ngoga a répondu que cela "pourrait comprendre la traduction en justice du journal, ou de toute autre personne qui serait impliquée, mais il faut déblayer le terrain avant de continuer. C'est ce que nous sommes en train de faire maintenant". "Une fois qu'il sera établi que le tribunal n'a aucun rapport avec le journal qui a publié ces allégations, il sera possible au gouvernement rwandais de porter plainte contre le journal," a-t-il poursuivi. "Nous n'allons pas demander au journaliste de révéler sa source, nous allons lui demander de prouver ces allégations", a ajouté Ngoga.

Dans un article publié le 1er mars, le "National Post" a affirmé que les Nations Unies détenaient des informations selon lesquelles des Tutsis membres du régime aujourd'hui en place au Rwanda, et un gouvernement étranger, auraient été impliqués dans le crash de l'avion de l'ancien président rwandais, Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994. Le journal dit avoir tiré ces informations des fuites d'un rapport des Nations Unies dont il affirme avoir obtenu copie.

Le National Post rapporte que trois informateurs tutsis ont révélé aux Nations Unies qu'ils faisaient partie d'un commando d'élite qui a assassiné le président hutu en 1994, et que l'opération était menée "sous la supervision de Paul Kagame, actuellement vice-président rwandais". Selon le journal, l'information aurait été donnée à l'ancien procureur du TPIR, Madame Louise Arbour, en1997. Celle-ci se serait ravisée quant aux suites à donner au dossier et aurait décidé de mettre un terme aux enquêtes relatives au crash de l'avion présidentiel.

JC/CR/AT/KAT/FH (RW%0323b)