Au Liberia, près de 14 ans de guerre civile et 250.000 morts

2 min 28Temps de lecture approximatif

La guerre civile au Liberia, pour laquelle le chef de guerre Alieu Kosiah est devenu vendredi le premier Libérien condamné, est l'un des conflits les plus atroces du continent africain, avec 250.000 morts de 1989 à 2003.

La Cour pénale fédérale suisse a déclaré Alieu Kosiah, 46 ans, coupable de multiples atrocités, notamment de meurtres, de viols et d'utilisation d'enfants soldats.

Le conflit a été marqué par des massacres perpétrés par des combattants souvent drogués, des mutilations et des actes de cannibalisme.

- Presque 14 ans de guerre civile -

En décembre 1989, le Front national patriotique du Liberia (NPFL) du chef rebelle Charles Taylor déclenche un conflit pour renverser le président Samuel Doe qui avait installé un régime fonctionnant par la terreur, la corruption et alimentant les haines ethniques.

Charles Taylor s'empare rapidement de la quasi-totalité du territoire. En 1990, une force ouest-africaine l'empêche de prendre la capitale Monrovia. La rébellion dissidente de Prince Johnson capture la même année Samuel Doe, torturé à mort. La guerre civile se poursuit entre factions rebelles rivales. En 1997, après un accord de paix, Charles Taylor est élu président du Liberia.

En 1999, une nouvelle rébellion des Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (Lurd) éclate au Nord, puis progresse vers Monrovia, soutenue par plusieurs pays voisins. La guerre s'achève par trois mois de siège de la capitale (juin-août 2003). Charles Taylor est contraint de quitter le pouvoir le 11 août 2003.

Un "accord général de paix" est signé, après plus de 13 ans de guerre civile quasi-ininterrompue qui ont fait 250.000 morts et des centaines de milliers de déplacés.

- Pas de procès au Liberia -

Jusqu'à présent, personne n'a été poursuivi ni condamné au Liberia pour les crimes commis pendant la guerre civile. De nombreuses personnalités impliquées dans le conflit occupent toujours des postes économiques et politiques importants.

En mai 2021, l'ex-chef de milice Prince Johnson a été élu à un éminent poste parlementaire au Liberia.

Les recommandations de la Commission vérité et réconciliation (TRC) en 2009 sont restées largement lettre morte, notamment au nom du maintien de la paix, certains des chefs de guerre incriminés étant considérés comme des "héros" par leurs communautés.

- Taylor condamné pour la Sierra Leone -

Charles Taylor, qui n'a pas été inquiété pour les atrocités commises au Liberia, a en revanche été condamné en 2012 par un tribunal spécial de l'ONU pour des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre perpétrés en Sierra Leone voisine. Sa condamnation à 50 ans de prison a été confirmée en 2013, peine qu'il purge en Grande-Bretagne.

- Poursuites à l'étranger -

Outre Alieu Kosiah, quelques autres cas de poursuites existent à l'étranger.

En 2009 "Chuckie" Taylor, fils de Charles Taylor, a été condamné aux Etats-Unis à 97 ans de prison pour tortures et assassinats commis au Liberia entre 1999 et 2003.

Le trafiquant d'armes néerlandais Guus Kouwenhoven a lui été condamné en 2017 par contumace dans son pays à 19 ans de prison pour trafic d'armes et complicité de crimes de guerre en Guinée et au Liberia.

Mohammed Jabateh, ancien chef de guerre libérien, a été condamné en avril 2018 à 30 ans de prison aux Etats-Unis pour avoir caché son passé violent aux autorités américaines lors de sa demande d'asile en 1998, puis lors de sa demande de résidence permanente.

Le procès de l'ancien chef rebelle sierra-léonais Gibril Massaquoi, surnommé "l'Ange Gabriel" et accusé de crimes de guerre et d'une longue liste d'atrocités durant la conflit au Liberia, s'est ouvert en février en Finlande, avant une délocalisation inédite sur le sol libérien puis des auditions de témoins à Freetown, capitale de la Sierra Leone.

Un autre ex-commandant rebelle libérien, Kunti K., accusé d'actes de torture, a été renvoyé devant les assises en France.