Macron dans le Golfe: commande record de Rafale et rendez-vous sensible avec le Saoudien MBS

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Les Emirats arabes unis ont signé vendredi un accord pour acquérir 80 avions de combat Rafale, une commande record pour l'avion de chasse entré en service en 2004, à l'occasion de la visite à Dubaï du président français Emmanuel Macron.

Ce succès commercial a été obtenu au premier jour d'une tournée express dans le Golfe du chef de l'Etat, qui est arrivé dans la soirée au Qatar pour s'entretenir avec l'émir cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani.

Il était attendu samedi à Jeddah, la grande cité portuaire d'Arabie Saoudite, pour une rencontre délicate avec le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS), dont l'image internationale a été fortement ternie par l'assassinat en 2018 du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.

Treize années d'efforts, avec des hauts et des bas, ont été nécessaires pour sceller le succès des Rafale aux Emirats arabes unies, un richissime Etat à l'influence géopolitique grandissante qui a noué d'étroites relations avec Paris.

Cette commande représente "le plus gros contrat militaire à composante française de notre histoire", s'est félicité Emmanuel Macron après l'avoir actée avec le prince héritier d'Abou Dhabi Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, dit MBZ. Et elle démontre, selon lui, que les Emirats considèrent la France comme "un partenaire solide" et "fiable", qui "tient ses engagements".

Au total, le montant des contrats militaires conclus vendredi - qui comportent aussi les achats de 12 hélicoptères Caracal et d'armements au fabriquant de missiles MBDA - représentent un montant de plus de 17 milliards d'euros, dont 14 pour les seuls Rafale, selon l'Elysée.

- Partenariat critiqué -

Les Rafale seront livrés par le groupe Dassault Aviation entre 2027 et 2031 et sont destinés à remplacer le 60 Mirage 20009 acquis en 1998 par Abu Dhabi.

Ils seront livrés au standard F4, un programme en cours de développement de près de deux milliards d'euros et présenté comme un "saut technologique, industriel et stratégique" à l'horizon 2024.

Pour Emmanuel Macron, cette commande est "très bonne pour la France" car elle "crée de l'emploi" dans le pays et permet de "garantir la pérennité de la chaîne de production du Rafale jusqu'à fin 2031" selon le ministère des Armées.

Avant ce contrat, les Emirats étaient déjà le cinquième client le plus important de l'industrie de défense française sur la décennie 2011-2020, avec 4,7 milliards d'euros de prises de commandes.

Ces dernières années, Paris a été critiqué parce que certaines de ces armes avaient été utilisées dans le conflit au Yémen, où l'Arabie saoudite et ses alliés sont soupçonnés de crimes de guerre.

En France, l'annonce de ce contrat record à quatre mois de la présidentielle a été applaudie par des responsables politiques, notamment à droite, tandis qu'elle était vivement dénoncée par le candidat écologiste Yannick Jadot, selon lequel "la France nous fait honte quand elle arme des régimes autoritaires qui méprisent les droits humains et dont la richesse s'est bâtie sur les énergies fossiles".

A Dubaï, d'autres accords franco-émiratis ont été signés, en particulier par le puissant fonds souverain Mubadala qui s'est engagé à accroître à hauteur de huit milliards d'euros son enveloppe d'investissements dans des entreprises françaises.

- Pour le Liban -

Avant l'étape de samedi à Jeddah, M. Macron a défendu le bien fondé de sa rencontre avec Mohammed ben Salmane face aux critiques d'ONG et de défenseurs des droits de l'Homme.

"Qui peut penser une seule seconde qu'on aide le Liban, qu'on préserve la paix et la stabilité au Moyen-Orient si on dit: 'on ne parle plus à l'Arabie saoudite, le pays le plus peuplé et le plus important du Golfe?'", a-t-il interrogé.

"Cela ne veut pas dire que je cautionne, que j'oublie, que nous ne sommes pas des partenaires exigeants" mais il s'agit "juste d'agir pour notre pays et pour l'intérêt de la région", selon lui.

Face à MBS, le président français entend plaider la cause du Liban où la crise économique a été aggravée par la crise diplomatique ouverte en octobre avec plusieurs Etats du Golfe, au premier rang desquels l'Arabie, qui avait gelé ses importations.

Ces efforts devraient profiter de la démission, annoncée vendredi, du ministre libanais de l'Information, George Kordahi, à l'origine de la crise en ayant critiqué l'intervention militaire de Ryad au Yémen. "Les Français veulent que je démissionne avant la visite de M. Macron à Ryad parce que cela pourrait les aider à entamer un dialogue avec les responsables saoudiens concernant le Liban", a-t-il expliqué.

Saluant sa démission, Emmanuel Macron a en effet exprimé ses espoirs de "pouvoir réengager l'ensemble des pays du Golfe dans la relation avec le Liban". "Nous ne sommes pas encore à la fin du chemin mais j'espère que les prochaines heures nous permettront d'avancer", a-t-il ajouté.

jri/hj

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