Présidentielle: Jadot engage un bras de fer avec TotalEnergies

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En panne dans les sondages, l'écologiste Yannick Jadot tient son coup d'éclat: il s'est offert mercredi un bras de fer contre TotalEnergies, qui a annoncé le poursuivre en diffamation pour avoir accusé la multinationale de "complicité de crimes de guerre" par son activité en Russie.

Contrairement à son concurrent Jean-Luc Mélenchon, largement en tête à gauche et qui brigue le "vote utile", mais discret sur cette entreprise, Yannick Jadot a constamment pointé du doigt l'implication de TotalEnergies en Russie depuis le début de la guerre en Ukraine.

Une manière aussi de faire parler son identité d'écolo favorable aux énergies renouvelables et pourfendeur des énergies fossiles.

Mercredi matin, le PDG du groupe français Patrick Pouyanné a décidé de contre-attaquer sur RTL. "Quand M. Jadot accuse les 100.000 salariés de Total (de crimes de guerre, NDLR), c'est gravissime, c'est une insulte, (...) c'est pas acceptable", a-t-il déclaré, "en colère".

"M. Jadot passe son temps à dire du mal de mon entreprise. Ce que j'observe, c'est que ça le fait baisser dans les sondages; il ferait mieux de s'occuper de sa campagne et d'arrêter de nous insulter", a-t-il cinglé.

Le groupe avait indiqué mardi arrêter tout achat de pétrole ou produits pétroliers russes avant fin 2022 devant "l'aggravation du conflit" en Ukraine, mais pas de gaz.

Une décision "complémentaire" de l'arrêt décidé précédemment des apports de capitaux à de nouveaux projets en Russie, qui ne signifie toutefois pas que le groupe se retire du pays.

Tweet de Yannick Jadot en forme de réponse quelques heures plus tard: "TotalEnergies, soutenu par E. Macron, fait quelques concessions mais maintient l'essentiel de ses activités en Russie, en pleine connaissance des crimes de guerre qu'elles contribuent à financer. Oui, c'est être complice! J'appelle P. Pouyanné, PDG de Total, à débattre avec moi", a réclamé le candidat écologiste.

Le "débat" se passera vraisemblablement au tribunal.

Dans une déclaration transmise à l'AFP, TotalEnergies a annoncé lancer "sans délai une action en diffamation" contre des "propos inacceptables", "extrêmement graves et infondés", ajoutant continuer "ses opérations d'achat de gaz en Russie pour le revendre, notamment en Europe pour le bénéfice des consommateurs européens".

- Tacle à Mélenchon -

"Être +complice de crimes de guerre+ c'est fournir une aide directe à un État ou à une organisation criminelle auteurs des crimes", a indiqué le groupe, s'adressant directement à Yannick Jadot: "Vos propos sont particulièrement graves et infondés contre notre compagnie qui n'opère aucun champ pétrolier ou gazier en Russie".

Dénonçant une "insulte à l'intégrité de (leurs) équipes", TotalEnergies a affirmé continuer "ses opérations d'achat de gaz en Russie pour le revendre, notamment en Europe pour le bénéfice des consommateurs européens", le tout "dans le strict respect de la politique de l'Union européenne et des mesures de sanctions européennes applicables".

Yannick Jadot s'exprimera lors d'une conférence de presse à 16H30, un rendez-vous décidé en cours de journée pour mener le bras de fer jusqu'au bout, même s'il était prévu avant l'annonce des poursuites de TotalEnergies.

En attendant, deux responsables écologistes sont montés au créneau pour le défendre sur les réseaux sociaux. "Aucune procédure ne fera taire les écologistes", a écrit la députée Delphine Batho, cheffe des porte-parole de Yannick Jadot.

L'eurodéputé David Cormand, ex-numéro 1 d'EELV, a enfoncé le clou, faisant même référence à la position conciliante de Jean-Luc Mélenchon: "Birmanie, Ouganda, Russie, Tanzanie: partout dans le monde, Total fait passer ses intérêts avant ceux des droits humains et de la protection du climat. Il y a ceux qui pensent que +Total doit rester en Russie+, et il y a les écologistes. Face aux Lobbys, #JeSoutiensYannickJadot", ajoute M.Cormand.

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