L'armée de Moscou et les forces prorusses ont lancé mardi une offensive terrestre et navale sur l'usine d'Azovstal, dernière poche de résistance ukrainienne de la ville stratégique de Marioupol (sud), bombardée sans relâche depuis plus de deux mois.
A l'Est, au moins dix personnes ont été tuées et quinze autres ont été blessées dans une frappe russe sur une usine à Avdiïvka, ville proche de la ligne de front, a par ailleurs annoncé le gouverneur de la région de Donetsk.
Au 69e jour de la guerre, la situation est figée sur le reste du front selon l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), qui indique que les forces russes n'ont mené aucune attaque au sol ces dernières heures mais ont bombardé les positions ennemies sur la ligne de front.
Voici un point de la situation, à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.
- L'Est -
"Au moins dix morts, 15 blessés : les conséquences du bombardement de l'usine de coke d'Avdiïvka par l'occupant russe", a indiqué sur Telegram Pavlo Kyrylenko, gouverneur de la région de Donetsk.
"Le nombre de victimes pourrait probablement être plus élevé", a-t-il ajouté, accusant les Russes d'avoir visé "les travailleurs (qui) venaient de terminer leur quart et attendaient le bus à l'arrêt".
Selon l'ISW, les forces russes ont simultanément continué à se regrouper et à effectuer des reconnaissances, probablement en préparation d'assauts terrestres en direction de Kryvyï Rih, Mykolaïv et Zaporijjia.
Le chef d'état-major russe, Valéri Guerassimov, s'est rendu la semaine dernière dans le Donbass, a affirmé un haut responsable du Pentagone, sans confirmer les rumeurs selon lesquelles il aurait été blessé.
- Le Sud -
L'armée russe et les forces prorusses ont lancé mardi un "puissant assaut" impliquant chars et débarquement amphibie contre l'immense aciérie Azovstal à Marioupol, selon Sviatoslav Palamar, commandant adjoint du régiment ukrainien Azov.
"Nous allons tout faire pour la repousser", a-t-il ajouté. Il a précisé que de puissants bombardements avaient précédé l'assaut, tuant deux femmes et blessant "environ dix civils".
Le porte-parole des forces armées russes a accusé le régiment Azov d'utiliser le cessez-le-feu déclaré pour évacuer des civils pour sortir des sous-sols de l'aciérie et "prendre des positions de tir sur le territoire et dans les bâtiments de l'usine".
L'ONU a annoncé l'évacuation "réussie" de 101 civils coincés depuis des semaines dans le complexe métallurgique. A Zaporijjia, destination des bus d'évacuation partis ce weekend de Marioupol, les journalistes de l'AFP ont vu au moins cinq bus arriver dans un centre de réception installé pour les accueillir.
La Russie a par ailleurs repris lundi ses frappes sur Odessa, la grande ville portuaire du sud. "Une frappe de missile" a "endommagé un immeuble dans lequel se trouvaient cinq personnes", a annoncé son conseil municipal. "Un garçon de 15 ans est mort", un autre mineur a été transporté à l'hôpital".
Les Ukrainiens craignent que la ville ne soit un des prochains objectifs de la Russie.
- Bilan humain -
Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles de l'invasion russe contre l'Ukraine. Rien qu'à Marioupol, les autorités ukrainiennes ont parlé de 20.000 morts dans les combats et les privations liées au blocus.
Les enquêteurs ukrainiens affirment de leur côté avoir identifié "plus de 8.000 cas" présumés de crimes de guerre depuis le début de l'invasion russe.
Selon un bilan du ministère ukrainien de la Défense publié samedi, l'armée russe a perdu 23.000 hommes, 190 avions et 1.000 chars depuis le début de son offensive.
Le Kremlin a récemment admis des "pertes importantes", sans donner de chiffres. Le 25 mars, il avait reconnu la mort de 1.351 soldats pour 8.825 blessés. Certaines sources occidentales font état de jusqu'à 12.000 soldats russes tués.
Côté ukrainien, le président Zelensky a déclaré qu'environ 2.500 à 3.000 soldats ukrainiens avaient été tués et quelque 10.000 blessés.
Aucun chiffre indépendant n'est disponible.
- Déplacés et réfugiés -
Selon le Haut Commissariat aux réfugiés de l'Onu (HCR), plus de 5,4 millions d'Ukrainiens ont fui leur pays. Les femmes et les enfants représentent 90% de ces réfugiés, les hommes de 18 à 60 ans, susceptibles d'être mobilisés, n'ayant pas le droit de partir.
Plus de 7,7 millions de personnes ont quitté leur foyer mais se trouvent toujours en Ukraine, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

