La police allemande sous pression pour retrouver l'auteur de l'attentat de Berlin

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La police allemande a arrêté deux frères soupçonnés de préparer un attentat contre un des plus grands centres commerciaux d'Allemagne, quatre jours après une attaque jihadiste au camion-bélier qui a tué 12 personnes sur un marché de Noël à Berlin.

Alertée par les services de renseignements, la police avait déployé des hommes autour du centre commercial d'Oberhausen (ouest) tard jeudi soir, ainsi que dans le marché de Noël voisin, puis annoncé l'arrestation des deux suspects dans la nuit de jeudi à vendredi.

Il s'agit de deux frères de 28 et 31 ans originaires du Kosovo. Les enquêteurs tentent de déterminer quel était le stade de préparation de leur attaque contre le CentrO, un des plus grands centres commerciaux d'Allemagne comptant quelque 250 boutiques souvent bondées avant Noël, et si d'autres personnes étaient impliquées dans le projet.

Concernant la tuerie de Berlin, les enquêteurs n'ont annoncé aucune nouvelle piste pour appréhender le Tunisien Anis Amri, 24 ans, probablement armé et responsable présumé de la mort de 12 personnes. Ils sont convaincus qu'il est bien l'auteur du pire attentat jamais revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) sur le sol allemand, ses empreintes ayant été retrouvées sur le camion qui a ravagé un marché de Noël de Berlin.

Malgré une série de dysfonctionnements et le temps qui passe, les autorités allemandes se veulent toujours optimistes sur la chasse à l'homme, même si Anis Amri a eu 30 heures pour disparaître entre son attentat lundi soir et le lancement d'un avis de recherche allemand et européen. 

 

- Merkel optimiste -

 

"Je suis convaincue que nous surmonterons l'épreuve dans laquelle nous nous trouvons", a souligné la chancelière Angela Merkel jeudi, ajoutant espérer "une arrestation bientôt".

Le frère du suspect, Abdelkader Amri, a appelé Anis à se rendre, tout en se disant "sûr" de son innocence. 

"S'il est en train de m'écouter, je lui dis: présente-toi" à la police, a-t-il dit à l'AFP devant le domicile familial à Oueslatia, dans le centre de la Tunisie.

Les propos de la chancelière allemande risquent cependant d'être insuffisants pour faire taire les critiques, tant les autorités semblent avoir raté les occasions de neutraliser le danger Anis Amri, arrivé en Allemagne en juillet 2015 et rapidement signalé comme dangereux.

Les policiers ont été vivement critiqués d'abord pour avoir focalisé leur attention pendant 24 heures sur un suspect pakistanais finalement mis hors de cause. 

Dès mardi matin, les papiers d'Amri avaient été retrouvés dans le camion, mais l'avis de recherche n'a été lancé que dans la nuit de mardi à mercredi, lui laissant un temps précieux pour disparaître.

 

- 'Echec de l'Etat tout entier' -

 

Le jeune Tunisien n'avait jamais réellement été inquiété par les autorités, alors que celles-ci le soupçonnaient de vouloir commettre un attentat en Allemagne. Elles le savaient en contact avec des salafistes connus et il circulait dans le pays en utilisant une demi-douzaine d'identités. 

L'homme faisait même l'objet d'un signalement pour sa dangerosité au centre national de lutte antiterroriste. Il avait été placé sous surveillance policière pour un possible projet d'attentat, avant que la justice ne classe l'affaire faute d'éléments probants.

"Manifestement on est face à un échec de l'Etat tout entier qui ne peut être toléré", a dénoncé le patron du parti libéral FDP, Christian Lindner.

Un expert du jihadisme, le professeur Peter Neumann du King's College de Londres, parle aussi d'un "échec systémique". "Une fois que la poussière sera retombée, je pense qu'il faudra se poser des questions de fond" sur les mécanismes de l'antiterrorisme en Allemagne, a-t-il estimé, alors que le fédéralisme implique un éclatement des responsabilités au niveau régional et fédéral.

Angela Merkel se retrouve donc fragilisée, au moment où elle brigue un quatrième mandat à la chancellerie en septembre 2017. Elle reste attaquée par la droite populiste et même certains de ses alliés pour avoir accueilli 900.000 demandeurs d'asile en 2015 et 300.000 de plus en 2016.

Les populistes de l'AfD, en plein essor depuis un an, ont accusé ces derniers jours la chancelière d'avoir le sang des victimes de Berlin sur les mains. Pour eux, elle est "finie".

Les Allemands ne semblaient malgré tout pas se laisser gagner par la panique, et les marchés de Noël restaient ouverts et achalandés à l'approche des fêtes. 

Celui visé par l'attentat lundi a rouvert jeudi, sans musique et dans l'émotion, mais les badauds étaient bien présents.