Birmanie: les dates-clés de la crise des Rohingyas

La Cour internationale de justice (CIJ) examine du 10 au 12 décembre une plainte contre la Birmanie accusée de génocide contre sa minorité musulmane rohingya, dont quelque 740.000 membres ont fui le pays depuis août 2017 après des exactions de l'armée et de milices bouddhistes.

Voici les dates clés de cette crise :

- Attaques rebelles et représailles

Le 25 août 2017, la rébellion rohingya lance une trentaine d'attaques contre des postes de police dans l'Etat Rakhine (ouest). Au moins douze policiers sont tués.

L'armée riposte par des raids sur des villages rohingyas, présentés comme des opérations antiterroristes. Des témoins évoquent des tirs sur des civils fuyant vers le Bangladesh.

L'armée dit avoir tué 400 rebelles, mais selon les opposants au régime, la majorité des victimes sont des civils. L'ONU évoque au moins 1.000 morts les deux premières semaines.

Début septembre, plus de 120.000 Rohingyas ont trouvé refuge au Bangladesh dans des camps de fortune déjà surpeuplés.

- Aung San Suu Kyi sort du silence

Le 19 septembre, dans un discours en anglais destiné à l'étranger, la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi se dit ouverte à un retour de Rohingyas. La communauté internationale dénonce son ambiguité à l'égard de cette minorité musulmane, des apatrides considérés par la société birmane comme des étrangers menaçant l'identité nationale.

La prix Nobel de la Paix, au pouvoir depuis 2016, visite la zone du conflit début novembre.

Le 23 novembre, la Birmanie et le Bangladesh signent un accord sur le retour "dans les deux mois" des réfugiés, mais sans citer les Rohingyas.

Le lendemain, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) estime que les conditions pour un retour "sécurisé et durable" ne sont pas réunies. Le texte reste lettre morte.

- "Eléments de génocide"

Le 2 décembre, au Bangladesh, après un voyage en Birmanie, le pape François demande "pardon" aux Rohingyas.

Le 5, le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme évoque des "éléments de génocide", réclamant une enquête internationale.

Le 27 août 2018, des enquêteurs de l'ONU demandent que la justice internationale poursuive le chef de l'armée birmane Min Aung Hlaing et cinq autres hauts gradés pour "génocide", "crimes contre l'humanité" et "crimes de guerre".

- Journalistes condamnés

Le 3 septembre, deux reporters birmans de Reuters accusés d'"atteinte au secret d'Etat" pour avoir enquêté sur un massacre de Rohingyas sont condamnés à sept ans de prison. Sous la pression internationale, ils seront libérés le 7 mai 2019 après plus de 500 jours de détention.

Le 20 décembre, l'armée birmane mène de nouvelles "opérations de nettoyage" dans l'Etat Rakhine après des attaques, dont l'une imputée à des Rohingyas.

Le 29 mai 2019, Amnesty International accuse les militaires de "crimes de guerre", "exécutions extra-judiciaires" et "tortures".

- Sanctions américaines

Le 16 juillet 2019, Washington annonce des sanctions contre le chef de l'armée et trois autres responsables militaires.

A partir du 22 août, quelque 3.500 Rohingyas sont autorisés à rentrer en Birmanie s'ils le souhaitent, mais aucun ne se présente, faute de garanties de sécurité.

Le 16 septembre, l'ONU déclare que les quelque 600.000 Rohingyas restant en Birmanie vivent sous la menace d'un "génocide".

- Poursuites judiciaires

Le 11 novembre, la Gambie, mandatée par les 57 États membres de l'Organisation de la coopération islamique, entame une action contre la Birmanie pour "actes de génocide" devant la Cour internationale de justice (CIJ) - plus haute juridiction de l'ONU.

De son côté, la Cour pénale internationale (CPI), également basée à La Haye, donne son feu vert le 14 à une enquête sur les actes de violence et la déportation des Rohingyas qui pourrait constituer un crime contre l'humanité.

Parallèlement, une plainte a été déposée en Argentine concernant les crimes contre les Rohingyas (torture, disparition et abus sexuels notamment), en invoquant le principe de justice universelle.

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