Le Premier ministre albanais au Kosovo pour soutenir son président

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Le Premier ministre albanais Edi Rama s'est rendu lundi au Kosovo pour soutenir son président Hashim Thaçi, qualifiant les accusations pour crimes de guerre dont il fait l'objet de "tâche dans l'histoire mondiale de la justice".

Le président kosovar, 52 ans, a été mis en accusation pour crimes de guerre pendant le conflit avec la Serbie (1998-99) par les procureurs du tribunal spécial de la Haye la semaine dernière.

Edi Rama a tweeté un message de soutien à son arrivée à Pristina où il doit rencontrer Hashim Thaçi et d'autres responsables du Kosovo, l'ancienne province serbe à majorité albanaise qui a proclamé son indépendance en 2008.

La visite du chef de l'exécutif albanais intervient quelques heures avant un discours à la nation du président kosovar, le premier depuis que les accusations pesant contre lui ont été rendues publiques.

Elles sont liées au rôle de Hashim Thaçi dans le conflit qui a opposé l'UCK (l'Armée de libération du Kosovo), la guérilla indépendantiste dont il était un des leaders, aux forces serbes.

Je suis "à Pristina pour écouter et en apprendre plus" a écrit Edi Rama sur son compte twitter. Il a accusé les procureurs de La Haye d'avoir laissé "une tâche honteuse dans l'histoire mondiale de la justice" en rendant publiques ces accusations avant qu'un juge, comme le veut la procédure, ne les examine pour décider s'il convient de confirmer les charges et d'inculper en bonne et due forme le président kosovar.

Les procureurs ont fait savoir que les charges ont été rendues publiques car Hashim Thaçi et d'autres suspects s'efforçaient de faire obstacle au travail du tribunal, une institution conforme aux lois du Kosovo mais disposant de juges internationaux.

Ils accusent M. Thaçi, son allié politique Kadri Veseli et d'autres personnes d'être "responsables de près de 100 meurtres", de disparitions forcées, de persécutions et de tortures de Serbes, de Roms et d'Albanais du Kosovo.

Dernier conflit en ex-Yougoslavie, la guerre du Kosovo entre forces serbes et guérilla indépendantiste kosovare albanaise a fait plus de 13.000 morts, des Albanais pour la plupart. Elle s'est terminée quand une campagne occidentale de bombardements a contraint les forces serbes à se retirer.

De hauts responsables militaires et de la police serbes ont par la suite été jugés et condamnés par la justice internationale pour crimes de guerre au cours de ce conflit.

De nombreux anciens commandants de la guérilla, Thaçi notamment, ont par la suite dominé la vie politique au Kosovo durant sa première décennie d'indépendance. Hashim Thaçi a été Premier ministre, puis président à partir de 2016.

Ses détracteurs l'accusent de corruption et d'influence autoritaire sur les institutions du pays. Mais, les accusations de crimes de guerre ont choqué même ses critiques qui ont défendu "une guerre juste" ayant mené à l'indépendance.

Vingt ans après le conflit, Belgrade refuse de reconnaitre l'indépendance de son ex-province et les relations entre les anciens ennemis sont source de tension permanente dans la région.

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