Kosovo: des vétérans disent avoir reçu de nouveaux documents classés

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Des anciens guérilléros du Kosovo ont affirmé mardi avoir reçu un troisième lot de documents confidentiels de la justice internationale qui enquête sur des crimes de guerre, violation présumée du secret de l'instruction susceptible d'exposer des témoins protégés.

L'association des anciens combattants, issue de la guérilla indépendantiste albanaise (UCK) qui a combattu les forces serbes à la fin des années 1990, affirme avoir reçu ces deux dernières semaines des dossiers classés du tribunal spécial de la Haye.

Cette instance de droit kosovar composée de juges internationaux est chargée d'enquêter sur une série de crimes présumés commis par l'UCK, principalement à l'encontre des Serbes, des Roms et des opposants albanais à la guérilla pendant et après le conflit de 1998-99.

Elle est basée aux Pays-Bas pour protéger les témoins qui sont soumis à des pressions et des menaces. Ses travaux sont très sensibles au Kosovo, où d'anciens commandants de la guérilla sont toujours au coeur du pouvoir.

Nasim Haradinaj, vice-président de l'association des vétérans, a déclaré mardi à la presse que le troisième lot de documents livrés par un "inconnu masqué" contenait des informations sur des témoins ainsi que les noms d'anciens combattants qui pourraient être mis en accusation par les procureurs spéciaux.

A la Haye, le bureau des procureurs spéciaux n'a pas commenté directement cette annonce mais rappelé que la publication de tels documents pouvait être passible de poursuites aux termes du droit kosovar.

Les procureurs spéciaux s'engagent à "poursuivre les individus qui commettent de tels crimes, y compris la divulgation de l'identité d'individus susceptibles d'être convoqués devant le tribunal ou d'informations qui pourraient déboucher sur leur identification", selon un communiqué qui ne précise pas si une enquête a été ouverte.

Selon les vétérans kosovars, le mystérieux individu "masqué" a promis d'apporter la "prochaine fois" des documents enregistrés sur "des CD". D'après eux, des enquêteurs de la Haye avaient immédiatement saisi les deux premiers lots de dossiers.

Pour Bekim Blakaj, président du Humanitarian Law Center, ONG de défense des droits humains, "c'est une façon d'intimider les témoins et de nuire encore davantage à l'image" du tribunal spécial.

Les anciens guérilléros s'opposent farouchement aux travaux de cette instance et défendent une guerre "juste" de libération.

Le conflit a fait 13.000 morts, dont une majorité d'Albanais.

Des hauts responsables de l'armée et de la police serbes furent par la suite condamnés pour crimes de guerre par la justice internationale.

Mais la guérilla est également accusée d'atrocités.

Le président kosovar Hashim Thaci, ancien chef politique de l'UCK, soupçonné d'être "responsable de près de 100 meurtres", a été mis en accusation avec d'autres il y a quelques mois par les procureurs de La Haye.

Les procureurs ont expliqué avoir décidé de rendre publique cette mise en accusation -- qui doit encore être validée par un juge -- en raison des "efforts" du président kosovar "pour entraver" le travail du tribunal.

Hashim Thaci dément ces accusations et a dit qu'il démissionnerait en cas de validation de sa mise en accusation.