27.10.08 - RWANDA/JUSTICE - APPEL APRES L'ACQUITTEMENT DU JOURNALISTE DOMINIQUE MAKELI

Kigali, 27 octobre 2008 (FH) - Acquitté de génocide au début du mois par la juridiction gacaca du secteur Rugenge, dans la ville de Kigali, et libéré aprés 14 ans de détention, Dominique Makeli, ancien journaliste à Radio Rwanda, sera jugé en appel, suite aux recours introduits par les plaignants. La date du nouveau procès n'a pas encore été fixée.

2 min 13Temps de lecture approximatif

Selon l'appel, daté du 16 octobre, les plaignants dénoncent « trop d'irrégularités dans la procédure », la juridiction gacaca se serait montrée « juge et partie » et aurait ignoré les preuves de l'accusation.

Makeli était poursuivi pour « incitation au génocide par le truchement de la radio nationale, réunions de planification du génocide dans le secteur Rugenge, complicité dans l'assassinat de Tutsis à Kabgayi (centre)».

Certains parmi ceux qui l'accusent, tels Jean de la Croix Ibambasi, ne sont pas d'accord avec les juges de première instance qui ont conclu que « dire, en plein génocide, que (Juvénal) Habyarimana le parent est mort et allé au ciel et (que) la Vierge Marie en éprouve du chagrin n'avait rien de l'incitation au génocide ». «Qu'on ne dise pas que Makeli est innocent », s'indigne-t-il.

« Le jury, selon Jean Marie Vianney Karangwa s'est arrangé pour que les témoins ignorent la date des débats, quand je suis entré, la salle était pleine à craquer, mais j'étais l'unique témoin, il n'y avait aucune victime". "La salle me huait et le jury m'interrogeait comme si j'étais un accusé. Il n'y avait pas de place pour mon témoignage », ajoute-t-il.

« A Kabgayi, où il était venu avec le premier ministre, Makeli m'a reconnu, il est venu me chercher, en compagnie du Major gendarme Nyirahabimana qui a abattu un jeune homme (...) C'est par miracle que j'ai pu leur échapper", accuse Callixte Gasagara, un rescapé qui regrette que le jury n'ait pas considéré son témoignage.

Ibuka, le collectif des associations de rescapés du génocide préfère enquêter avant de réagir. « S'il y a eu des anomalies comme on le dit, nous nous adresserons directement aux institutions habilitées. La justice ne doit pas faire d'exception, même pour un journaliste », dit Benoît Kaboyi, le Secrétaire exécutif de l'organisation.

Le Haut conseil de la presse (HCP), l'organe chargé de la régulation des médias, indique suivre l'affaire de près. « Fautif ou pas, ici on est content de sa libération. A quelque chose malheur est bon ! Son cas nous aura servi à peser les mots et éviter les écarts de langage à l'antenne », estime, sous couvert d'anonymat, un ancien journaliste de Radio Rwanda.

Un juge de la juridiction gacaca de Rugenge est prudent : «les allégations des témoins et victimes sont-elles fondées ? L'accusé est-il innocent ? Nous allons examiner la chose en appel, mais la date du procès n'a pas encore été fixée ».

SRE/ER/PB/GF