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L’argent volé de Jammeh pourrait servir aux réparations

La Gambie a enfin commencé à mettre en place, en avril dernier, une Commission réparations chargée d’indemniser les victimes de l’ancien président Yahya Jammeh – qu’une propriété saisie aux États-Unis financerait en partie.

Une propriété de l'ex-dictateur gambien Yahya Jammeh aux États-Unis (Potomac/Maryland) devrait être saisie pour profiter aux victimes gambiennes de son régime, au titre des réparations. Photo : la maison (de type manoir) de Jammeh est vue de face derrière un portail en fer forgé.
Après une longue enquête, des militants gambiens ont obtenu d'un tribunal du Maryland, près de Washington DC aux États-Unis, la saisie de cette propriété appartenant à un trust créé par l'ancien président gambien Yahya Jammeh, dont le produit devrait être reversé à ses victimes par la nouvelle Commission réparations. Photo : @ DUGA
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En mars, le ministre gambien de la Justice, Dawda Jallow, a déclaré à l’Assemblée nationale que 20 millions de dalasi [environ 280 000 USD] avaient été alloués dans le budget 2025 pour lancer le processus de réparation et que le produit des ventes de la propriété de l’ancien président Yahya Jammeh à Potomac, dans le Maryland, aux États-Unis, serait « rapatrié » directement dans un fonds pour les victimes.

Les sept membres de la nouvelle Commission réparations ont prêté serment en avril à Banjul, capitale de la Gambie. Ils devront examiner les cas des victimes qui ont été recommandées pour recevoir des réparations par la Commission vérité, réconciliation et réparations (TRRC) de la Gambie, ou qui en ont déjà reçu, et identifier de nouvelles victimes qui n’ont pas été incluses dans le rapport final de la TRRC.

Révision du processus de réparation de la TRRC

En novembre 2023, l’Assemblée nationale a adopté une loi sur les réparations, créant un fonds pour les victimes et une commission réparations chargée de s’occupera des victimes identifiées par la TRRC. Au cours du mandat de la commission vérité, le gouvernement gambien a effectué un premier versement de l’équivalent de 50 millions de dalasi [700 000 USD] le 8 octobre 2019, au titre des réparations, en s’engageant à effectuer un second versement du même montant lorsque le premier aura été dépensé – mais ce versement n’a pas eu lieu.

La commission vérité de la Gambie a identifié 1009 victimes au total. Selon la TRRC, 198 de ces victimes ont reçu 50 000 dalasi ou moins, tandis que 757 victimes ont reçu plus de 50 000 dalasi [l’équivalent de 1 000 USD à l’époque] – parmi lesquelles les familles de 54 migrants ouest-africains disparus dont les indemnisations devaient être versées par le gouvernement gambien par l’intermédiaire de leurs gouvernements respectifs.

« Pendant le processus de recherche de la vérité, le mandat [de la TRRC] était d’administrer les réparations pour les cas urgents, mais cela n’était censé être que provisoire. Maintenant qu’elle a fermé, nous avons mis en place une véritable commission en charge des réparations. Elle prendra le relais, réévaluera même les critères utilisés et pourra proposer une norme de meilleure pratique pour l’indemnisation et toute autre forme de réparation, car la commission n’est pas nécessairement liée par les critères utilisés par le TRRC. Elle doit recréer une nouvelle base de données des victimes. Elle acceptera d’autres victimes qui n’ont jamais comparu devant la commission de vérité », a déclaré le ministre de la Justice, Jallow, le 19 mars 2025, devant le comité des Nations unies sur les disparitions forcées.

Le mandat de la commission est de cinq ans et peut être prolongé.

La propriété de Jammeh à Potomac

Jammeh menait un train de vie somptueux, principalement financé par le pillage des caisses publiques. À l’époque où il a pris le pouvoir, en 1994, il était lieutenant dans l’armée nationale gambienne et n’avait pas de biens. Ni son salaire en tant que président, ni les entreprises qu’il possédait ne pouvaient expliquer tous les biens qu’il a accumulés.

En 2017, le gouvernement gambien a mis en place la Commission Janneh, une commission d’enquête chargée d’examiner les transactions financières de l’ancien président. Il a été établi que Jammeh était impliqué dans diverses activités de corruption, notamment le détournement de fonds publics et l’acceptation de pots-de-vin par des hommes d’affaires. La commission a découvert que Jammeh avait volé un montant stupéfiant, équivalent à plus de 300 millions de dollars américains.

C’est l’un des biens achetés avec ces fonds volés, une demeure de 3,5 millions de dollars située à Potomac, dont l’argent devrait revenir à ses victimes, selon le ministère de la Justice.

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L’une des autres façons dont Jammeh a accumulé des richesses lorsqu’il était au pouvoir consistait à accepter des pots-de-vin de la part d’entreprises cherchant à conserver des monopoles. Les enquêtes menées par la commission Janneh d’une part et par le département du Trésor américain d’autre part ont révélé que c’est ainsi que l’ancien président a pu s’offrir, entre autres, cette luxueuse propriété aux États-Unis.

Ainsi, vers juillet 2010, la compagnie pétrolière de Gambie a été informée que son monopole sur l’importation de carburant dans le pays prendrait fin à la fin de l’année. Un jour après le renouvellement des droits de la société, un million de dollars a été transféré de un compte à la Guaranty Trust Bank, ont également confirmé la Commission Janneh et l’enquête américaine. Cet argent a été utilisé pour acheter le manoir de Potomac.

À l’époque où Jammeh était au pouvoir, des activistes gambiens aux États-Unis ont attiré l’attention sur la maison du président. Ironiquement, l’une des maisons du quartier appartiendrait – comme l’a rapporté le Washington Post en 2017 – à Teodoro Obiang Nguema, le président de la Guinée équatoriale, qui a accueilli Jammeh dans son pays après qu’il a perdu les élections de 2016 en Gambie.

La longue attente des victimes

Au cours de son mandat, la TRRC a procédé à des paiements partiels à certaines victimes, notamment pour des traitements médicaux urgents, pendant le processus de vérité.

« Nous avons reçu 95 000 dalasi et nous attendons maintenant de recevoir notre solde de 405 000 D. C’est ce qu’ils ont dit. Notre montant total est de 500 000 D. Je sais que la commission a été mise en place. Je n’ai pas encore reçu d’autres informations concrètes », a déclaré Isatou Kanyi, l’épouse de Kanyiba Kanyi, qui a disparu en 2006.

« Nous attendons des réparations. Nous avons déjà écrit au gouvernement gambien pour lui dire que l’argent mis de côté pour notre indemnisation est trop faible. Les délais sont trop longs et cela nous affecte. Les familles sont très éprouvées par l’absence de nos proches qui ont laissé derrière eux femmes et enfants. Ce retard a créé beaucoup de problèmes pour les familles », a déclaré à Justice Info Emmanuel Oduro Mensah, frère de Victor Oduro, l’une des victimes ghanéennes identifiée par la TRRC.

« À ce stade, nous demandons au gouvernement gambien d’accélérer les procédures et les démarches afin que les réparations prévues pour les familles et les victimes puissent être versées en temps voulu. Plus les délais sont longs, plus l’argent se déprécie [du fait de l’inflation]. Les gens ont un besoin urgent de cet argent », ajoutant que, comme il est le porte-parole des familles de migrants ouest-africains disparus durant la dictature, « ils m’appellent tout le temps pour me demander les dernières informations sur les réparations ».

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