Le nouveau gouvernement srilankais doit rompre avec l'impunité dont bénéficient toujours les criminels de guerre dans le pays, l'a pressé mercredi le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme.
Dans un rapport sur ce pays marqué par de multiples conflits, Volker Türk estime que le gouvernement du président Anura Kumara Dissanayake a l'occasion de restaurer l'image du Sri Lanka.
"Aujourd'hui, une opportunité s'offre au Sri Lanka de rompre avec le passé, avec un gouvernement qui s'engage à aborder sous un jour nouveau des problèmes anciens", déclare M. Türk dans ce rapport de 16 pages adressé au Conseil des droits de l'homme.
Cela doit commencer par une reconnaissance officielle des violations, abus et crimes commis dans le passé, notamment pendant la guerre civile, affirme-t-il.
"Les engagements du gouvernement doivent se traduire par un plan cohérent assorti de délais précis", peut-on lire dans le rapport.
Le responsable onusien a appelé la communauté internationale à soutenir les efforts de Colombo, tout en avertissant que si le Sri Lanka ne respectait pas ses promesses, les autres pays devraient exercer la juridiction universelle pour poursuivre les criminels de guerre srilankais.
Après avoir accepté en 2015 devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU de traiter la question sensible des crimes de guerre, les gouvernements sri-lankais successifs ont fait marche arrière.
Le gouvernement de gauche de M. Dissanayake, élu en septembre avec le soutien massif de la minorité tamoule, n'a toujours pas tenu ses promesses de poursuivre les responsables de crimes de guerre.
L'ONU estime qu'au moins 100.000 personnes ont péri pendant la guerre civile entre 1972 et 2009. Les combats ont pris fin lorsque l'armée a lancé une offensive sans merci qui a anéanti en mai 2009 la direction du mouvement rebelle des Tigres de libération de l'Eelam Tamoul.
Les rapports de l'ONU ont accusé les troupes srilankaises d'avoir tué au moins 40.000 civils tamouls dans les derniers mois des combats, une accusation niée par les gouvernements successifs.
Les gouvernements srilankais qui se sont succédé ont tous rejeté les demandes d'enquêtes internationales indépendantes sur les graves violations des droits humains, et plusieurs massacres de civils restent impunis.
Volker Türk s'est rendu au Sri Lanka le mois dernier, où il a rencontré le président Dissanayake ainsi que des représentants de la société civile, et s'est également rendu dans les régions ravagées par la guerre.
Le rapport appelle à des réformes constitutionnelles, juridiques et institutionnelles plus larges, conformes aux obligations internationales du pays en matière de droits humains.
"Comme j'ai pu le constater lors de ma visite, la douleur et la souffrance des victimes restent palpables, et leurs demandes de vérité et de justice doivent être entendues."