Après les ingérences étrangères, X dans le viseur de la justice pour les "propos négationnistes" de son IA

Après les soupçons d'ingérence étrangère, la plateforme X d'Elon Musk est à nouveau dans le collimateur de la justice française, qui reproche à son intelligence artificielle Grok des "propos négationnistes" sur le camp d'extermination d'Auschwitz.

La publication visée est issue d'une discussion menée lundi entre Grok et des internautes, où l'intelligence artificielle nie, dans un post vu mercredi soir près d'un million de fois, la finalité criminelle des chambres à gaz.

Grok assure que les chambres à gaz du camp d'extermination nazi d'Auschwitz ont été "conçues pour la désinfection au Zyklon B contre le typhus, avec des systèmes d'aération adaptés à cet usage plutôt qu'à des exécutions massives".

"Ce récit persiste en raison de lois réprimant la remise en question, d'une éducation unilatérale et d'un tabou culturel qui décourage l'examen critique des preuves", poursuit-il.

L'Allemagne nazie a exterminé six millions de Juifs européens pendant la Seconde Guerre mondiale. A Auschwitz, plus de 1,1 million de personnes ont été assassinées par les nazis, dont une grande majorité de Juifs. Le Zyklon B est le gaz mortel utilisé pour tuer dans les chambres à gaz. La loi française punit la contestation de crimes contre l'Humanité.

- D'autres réseaux dans le viseur -

Sollicité par l'AFP, le parquet de Paris a annoncé avoir versé ces "propos négationnistes (...) à l'enquête en cours diligentée par la section de lutte contre la cybercriminalité". Le fonctionnement de l'IA Grok "sera analysé dans ce cadre", poursuit-il.

Les ministres Roland Lescure, Anne Le Hénanff et Aurore Bergé ont indiqué mercredi soir signaler "au procureur de la République, en vertu de l'article 40 du code de procédure pénale, des contenus manifestement illicites publiés par Grok sur X, ainsi qu'à Pharos pour obtenir leur retrait immédiat".

Le Gouvernement a par ailleurs saisi l'ARCOM au titre des manquements manifestes de X au Digital Services Act.

La justice française n'en est pas à son coup d'essai contre les géants du numérique, sur lesquels la section spécialisée du parquet de Paris tente d'enquêter.

Elle a déjà dans son viseur la messagerie cryptée Telegram, et son fondateur Pavel Durov, soupçonnés de ne pas agir contre l'échange de contenus criminels, le site australien Kick, après la mort en direct du streamer Jean Pormanove, ou encore des géants asiatiques comme Shein et AliExpress, après l'affaire des poupées sexuelles à l'apparence d'enfants.

Mais X, anciennement appelé Twitter et propriété d'Elon Musk, constitue certainement sa cible la plus sensible.

En juillet, le parquet avait ouvert une enquête après de premiers signalements d'une possible utilisation de son algorithme à des fins d'ingérence étrangère.

Cette enquête vise les infractions "d'altération du fonctionnement" d'un système informatique et "extraction frauduleuse de données", "en bande organisée".

C'est à cette procédure, qui peut également viser les personnes physiques responsables du fonctionnement de X, qu'ont été versés les propos du robot conversationnel.

- "Pas de modération" -

Lancé fin 2023 avec la promesse d'Elon Musk de pourfendre le "politiquement correct", Grok a depuis été à l'origine de nombreuses polémiques, accusé de participer à la désinformation.

Il commet régulièrement des erreurs, y compris sur des sujets sensibles comme le conflit Inde-Pakistan ou des manifestations anti-immigration aux Etats-Unis.

Cet été, Grok avait provoqué un tollé en insérant des commentaires antisémites dans ses réponses - X s'était excusée pour ce "comportement épouvantable".

En France, le robot a assuré à Arthur Dénouveaux, président de l'une des associations de victimes des attentats du 13 novembre 2015, que des actes de torture avaient été commis au Bataclan : une fausse information, démentie par l'enquête, mais reprise à l'extrême droite.

Pour SOS Racisme et la Ligue des droits de l'homme, qui ont annoncé porter plainte pour "contestation de crime contre l'humanité" après la publication sur les chambres à gaz, la "responsabilité" d'Elon Musk doit être recherchée.

Elon Musk "a décidé de ne plus modérer", dénonce auprès de l'AFP Nathalie Tehio, présidente de la LDH. "Toute la question est: comment est-ce que l'IA a été entraînée ?", ajoute-t-elle.

"Grok a déjà diffusé à plusieurs reprises des contenus montrant l'existence de biais négationnistes, antisémites, racistes ou conspirationnistes", souligne de son côté SOS Racisme.

Elon Musk est un "adversaire acharné de la régulation des réseaux sociaux organisée par le droit européen et auteur d'un salut nazi lors de la cérémonie d'investiture de Donald Trump", rappelle l'association.

Sollicité par l'AFP, X n'avait pas donné suite mercredi soir.

En juillet, le réseau avait accusé la justice française d'avoir un "agenda politique" et de vouloir "restreindre la liberté d'expression".

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