24.05.2002 - TPIR/MEDIAS - NAHIMANA AURAIT EXPRIME SA SATISFACTION VIS-A-VIS DE LA RTLM

Arusha 24 mai 2002 (FH) - l'ancien promoteur de la Radio-télévision libre des Mille collines (RTLM), Ferdinand Nahimana, aurait exprimé sa satisfaction vis-à-vis des émissions de cette radio, a déclaré un expert cité par le parquet, jeudi, dans le procès des anciens responsables des"médias de la haine" en cours devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). l'historienne américaine et activiste des droits de l'homme, Alison Des Forges, a affirmé que l'accusé avait exprimé ces sentiments lors de son bref refuge au Burundi, peu après l'attentat contre l'avion de l'ancien président rwandais, Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994.

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Selon Des Forges, Nahimana a alors déclaré à un ancien diplomate burundais qui lui faisait part de ses craintes vis-à-vis de cette radio: "Je suis très heureux, car la RTLM a eu un rôle très positif à réveiller le peuple majoritaire".

l'experte du parquet a indiqué que, dans le contexte de l'époque, l'expression "peuple majoritaire" signifiait les Hutus, par opposition à la minoruté tutsie.

"Dans le cadre de cet entretien, M. Nahimana exprime sa satisfaction vis-à vis des activités de la RTLM", a souligné Alison Des Forges lors de son témoignage..
l'historienne américaine a allégué que Ferdinand Nahimana suivait les émissions de la RTLM, même pendant cette période où il s'était réfugié dans les pays limitrophes du Rwanda.

Ferdinand Nahimana s'est D'abord rendu à l'ambassade de France de Kigali, avant D'être évacué sur Bujumbura avec quelques autres anciens dignitaires. Il a regagné le Rwanda quelques jours plus tard en passant par l'ex-Zaïre.

Alison Des Forges a indiqué que c'est entre le 6 et le 25 avril 1994 que certaines des émissions les plus dramatiques de la RTLM ont été diffusées en vue D'inciter des gens à tuer des Tutsis. l'historienne américaine a ajouté que les assaillants étaient dirigés vers certaines localités précises et contre certains individus.

Les trois premières semaines ont été les plus rapides et les plus sanglantes, a-t-elle dit. Elle a expliqué qu'il s'agissait de massacrer les Tutsis, de même qu'un certain nombre de Hutus qui appartenaient aux partis D'opposition ou qui avaient choisi D'abriter les Tutsis. Alison Des Forges a signalé que les Hutus visés par les massacres étaient qualifiés de "complices "de la rebellion à dominante tutsie, le Front patriotique rwandais (FPR).

Interrogée sur certains sites de massacres, Alison Des Forges a cité notamment l'église catholique de Gikondo et "la mosquée Khadafi" dans la ville de Kigali, la cathédrale de Nyundo (province Gisenyi, nord-ouest) et le Centre Saint-Joseph attaché à la cathédrale de Kibungo (est).

Alison Des Forges a rapporté des déclarations de rescapés de la mosquée Kadhafi, selon lesquelles la RTLM avait identifié cet endroit comme une cible à attaquer.

Ferdinand Nahimana est coaccusé avec l'ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza, ainsi que l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze.

Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud-africaine Navanethem Pillay et composée en outre des juges, norvégien Erik Mose, et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana.

l'interrogatoire principal D'Alison Des Forges s'est terminé jeudi soir. Dès lundi matin , elle sera contre-interrogée par la défense. Les avocats affirment que sa déposition est "partiale".

AT/GF/FH (ME-0524A )