De nouvelles évacuations au compte-gouttes de civils ukrainiens étaient attendues samedi dans l'aciérie Azovstal, à Marioupol, l'ultime poche de résistance dans ce port stratégique que la Russie tente d'éliminer à l'approche des célébrations de la victoire sur l'Allemagne nazie le 9 mai.
Sur l'ensemble du front au 73e jour de la guerre, les efforts russes pour arracher des succès de prestige avant cette date symbolique semblaient largement infructueux, selon des experts.
Voici un point de la situation à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.
- Le Sud -
Dans le complexe sidérurgique Azovstal de Marioupol, sur la mer d'Azov, où vivent retranchés dans d'immenses galeries souterraines civils et combattants, 50 personnes, femmes, enfants et personnes âgées, ont été évacuées sous l'égide de l'ONU et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Les autorités ukrainiennes ont annoncé leur intention de poursuivre les évacuations samedi, tout en soulignant que les forces russes continuaient leur offensive contre ce site.
"L'ennemi cherche à achever les défenseurs d'Azovstal, il essaie de faire cela avant le 9 mai pour faire un cadeau à Vladimir Poutine", le chef de l'Etat russe, a affirmé Oleksiï Arestovytch, un conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Plus à l'ouest, en mer Noire, la marine ukrainienne a affirmé samedi avoir détruit un navire de débarquement russe ainsi que deux systèmes de missiles sol-air près de la petite île aux Serpents au moyen d'un drone de combat Bayraktar TB2, mis au point en Turquie, sans préciser à quelles dates.
Vendredi soir, deux tirs de roquettes russes ont atteint Odessa, le grand port ukrainien sur la mer Noire, sans toutefois faire de victimes, a annoncé le Commandement militaire Sud ukrainien.
- L'Est -
Dans le bassin houiller du Donbass, où se concentre l'offensive de Moscou, la pression sur Severodonetsk, l'une des villes d'importance encore sous contrôle ukrainien, se poursuivait, avec des gains territoriaux limités aux alentours dans les dernières 24 heures, mais ne devrait pas aboutir à un encerclement complet, selon l'Institut américain d'étude de la guerre (ISW).
- Le Nord -
En revanche, à Kharkiv, la contre-offensive ukrainienne pour mettre la deuxième ville d'Ukraine hors de portée de l'artillerie ennemie a pris de l'ampleur, avec la prise de plusieurs positions russes au nord et à l'est, souligne l'ISW.
"Les forces ukrainiennes regagnent du terrain le long d'un large arc autour de Kharkiv et ne se concentrent plus sur une poussée limitée, faisant preuve d'une capacité à lancer des opérations offensives à plus grande échelle que jusqu'à présent dans cette guerre", explique-t-il.
L'armée russe a détruit trois ponts routiers "pour ralentir la contre-offensive" dans la région, a affirmé le ministère ukrainien de la Défense.
- Bilan humain -
Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. Rien qu'à Marioupol, les autorités ukrainiennes ont parlé il y a plusieurs semaines de 20.000 morts. Et les enquêteurs ukrainiens affirment avoir identifié "plus de 8.000 cas" présumés de crimes de guerre.
Sur le plan militaire, le ministère ukrainien de la Défense évaluait samedi les pertes russes à 25.100 hommes, 199 avions et 1.122 chars depuis le début de l'invasion le 24 février.
Le Kremlin a récemment admis des "pertes importantes". Certaines sources occidentales font état de jusqu'à 12.000 soldats russes tués.
Le président Zelensky a déclaré qu'environ 2.500 à 3.000 soldats ukrainiens avaient été tués et quelque 10.000 blessés.
Aucunes statistiques indépendantes ne sont disponibles.
- Déplacés et réfugiés -
Selon le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR), plus de 5,4 millions d'Ukrainiens ont fui leur pays. Les femmes et les enfants constituent 90% de ces réfugiés, les hommes de 18 à 60 ans, susceptibles d'être mobilisés, n'ayant pas le droit de partir.
Plus de 7,7 millions d'Ukrainiens ont été déplacés à l'intérieur de leur pays, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).