20.11.08 - RWANDA/FRANCE - UN DES TEMOINS DU JUGE BRUGUIERE SE RETRACTE

Arusha, 20 novembre 2008 (FH) - L'un des témoins de l'enquête française sur l'attentat contre l'avion du président Juvénal Habyarimana, M. Abdul Ruzibiza, actuellement réfugié en Norvège, a dénoncé ses déclarations antérieures, affirmant dans plusieurs interviews que celles-ci étaient «un montage». Il a ajouté que Rose Kabuye était « innocente » des accusations portées contre elle en France.

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Mise en examen pour complicité d'assassinats et association de malfaiteurs pour son rôle présumé dans l'attentat, le 6 avril 1994, contre l'avion du président Habyarimana, Mme Kabuye a été remise en liberté mercredi soir mais placée sous contrôle judiciaire en France.

La rétractation de Ruzibiza a d'abord été effectuée sur les ondes de la radio privée rwandaise Contact FM, puis dans différents journaux dont le quotidien francais Libération où il explique notamment que le commando « network », dont il avait décrit le fonctionnement et dont il se revendiquait comme l'un des membres, « n'a jamais existé ». Il s'agit d'une « propre invention pure et simple » ajoute-t-il, sans expliquer pourquoi il aurait menti.

Dans une interview à la radio française France-Culture, reprise par l'Agence France presse, il affirme que la chef du protocole du chef de l'Etat rwandais « n'a jamais eu quelque chose à voir avec ces opérations (l'attentat, ndlr). Elle n'y est pour rien". Ruzibiza s'estime victime de "manipulations politiques". Il a précisé s'être « désolidarisé" du juge Bruguière (...) parce que j'y voyais des manipulations politiques. La liste des accusés ne correspond pas du tout à ce que moi ou d'autres auraient dit. Je vois des falsifications de noms, des choses vraiment illogiques"

Interrogés par l'agence Hirondelle, Claudine Vidal et André Guichaoua, les deux sociologues qui ont préfacé et postfacé le livre d'Abdul Ruzibiza paru en 2005 soulignent que ses rétractions ne portent que sur l'attentat du 6 avril, auquel il ne consacre que 15 pages sur un témoignage de 494 pages. « Nous avons eu l'occcasion de vérifier, avant la publication de cet ouvrage, que nombre d'informations livrées par l'auteur étaient recoupées par d'autres témoignages, autres que ceux connus par Ruzibiza" affirment les deux chercheurs.

"Aujourd'hui, précisent- ils, nous ne sommes pas convaincus que Ruzibiza puisse prouver qu'il a menti sur toute la ligne depuis 2003 et notamment devant le TPIR, que ce soit sur l'attentat, que ce soit sur d'autres points. Quant aux mobiles de la rétractation d'Abdul Ruzibiza, ajoutent les universitaires français, nous ne savons que ce qu'il en dit lui-même et que nous n'avons pas à discuter. Il appartient aux juridictions concernées de réagir à cette revendication de faux-témoignage".

PB/ER/GF

© Agence Hirondelle