01.12.08 - TPIR/GOUVERNEMENT II - DEBUT DES REQUISITIONS DANS LE PROCES DE QUATRE ANCIENS MINISTRES

Arusha, 1 er décembre 2008 (FH) - Le procureur a affirmé lundi, au début de ses réquisitions dans le procès de quatre anciens ministres en jugement devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), que le gouvernement en place d'avril à juillet 1994 avait les moyens d'arrêter le génocide, a constaté l'agence Hirondelle.

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L'affaire implique les anciens ministres de la Santé, Casimir Bizimungu, des Affaires étrangères, Jérôme Bicamumpaka, du Commerce, Justin Mugenzi et de la Fonction publique, Prosper Mugiraneza.

« Il n'ont rien tenté pour arrêter les massacres. Ils ont choisi de ne rien faire, S'ils l'avaient voulu, ils l'auraient fait. Ils n'avaient aucune intention d'arrêter les massacres », a assené Paul N'garua, représentant du bureau du procureur.

Le magistrat kényan a indiqué qu'en plus de l'autorité sur le personnel de leurs départements respectifs, les accusés exerçaient un contrôle de fait sur « les autorités administratives, les miliciens, les policiers, les gendarmes et les militaires ».

Pour lui, l'argument selon lequel ils étaient impuissants face à la situation est « ridicule ». Au contraire, a-t-il dit, « ils ont mis l'huile sur le feu » par « leurs discours incendiaires » dont certains étaient relayés par la Radio libre des mille collines (RTLM).

N'garua a expliqué qu'aux barrages routiers, les miliciens Interahamwe avaient toujours l'oreille collée sur leur transistor pour écouter les instructions de leurs chefs.

Pendant les massacres, « les civils en armes agissaient conformément aux instructions des 4 accusés (...) Il y avait une intention d'annihiler les Tutsis pour la défense de la patrie », a-t-il plaidé. N'garua a soutenu que pendant les massacres, chaque tueur était convaincu d'appartenir à « un vaste bataillon de Hutus, une sorte d'armée informelle sous le commandement des 4 accusés ».

Les messages de paix lancés à travers des médias internationaux par des responsables du gouvernement intérimaire n'avaient pour but, selon lui, que de tromper l'opinion internationale sur leur véritable intention, «une entreprise criminelle commune » visant à exterminer les Tutsis.

L'équipe du procureur requerra les peines au cours de cette ultime phase qui durera jusqu'à la fin de la semaine.

Réagissant en premier, Me Michelyne Saint Laurent, le conseil principal de Bizimungu, a appelé la chambre « à dire le droit », sans faire plaisir à qui que ce soit. « Ce n'est pas facile de défendre l'indéfendable », a dit l'avocate canadienne, estimant que le procureur n'avait pas prouvé au-delà de tout doute raisonnable la culpabilité des accusés.

Jugés pour crimes de génocide et crimes contre l'humanité, les 4 anciens ministres clament leur innocence. Leur procès a débuté en en novembre 2003.

ER/PB/GF