Le chanteur Simon Bikindi, 54 ans, a été condamné mardi à 15 ans de prison pour avoir incité au génocide en 1994. Les juges lui reprochent d'avoir pris la parole fin juin 1994, sur la route reliant Kivumu et Kayove, deux communes rurales du nord-ouest du Rwanda. Ils ne l'ont pas condamné pour certaines de ses chansons pourtant jugées incendiaires par la chambre car leur composition était antérieure à 1994, année pour laquelle le TPIR est compétent.
Sur les cinq chefs d'accusation portés contre l'artiste, seule l'incitation directe et publique à commettre le génocide a été retenue par les juges.
Deux condamnés définitifs du TPIR, l'universitaire Ferdinand Nahimana et l'ancien directeur du journal extrémiste hutu Kangura, Hassan Ngeze, ont été transférés au Mali où ils rejoignent six autres prisonniers du tribunal dont l'ex-Premier ministre Jean Kambanda. Les deux hommes ont quitté Arusha sous haute sécurité dans la nuit de mardi à mercredi. Dix sept autres condamnés définitifs devraient suivre.
Les débats ont été clos vendredi dans le procès de quatre ministres du gouvernement intérimaire en place pendant le génocide. Inculpés de crimes de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre, les anciens ministres des Affaires étrangères, Jérôme Bicamumpaka, de la Santé. Casimir Bizimungu, du Commerce, Justtin Mugemzi et de la Fonction publique, Prosper Mugiraneza, ont clamé leur innocence depuis le début du procès en novembre 2003. Le verdict devrait tomber l'année prochaine.
Dans le procès des anciens dirigeants du MRND, la chambre s'est indignée, dans une décision rendue mardi, de la conduite de Me Peter Robinson, le conseil principal de l'ex-secrétaire général du parti, Joseph Nzirorera, lui reprochant notamment de ne pas se conformer à certaines ordonnances. Les juges ont demandé à ce que ce comportement « abusif » soit porté à la connaissance de son barreau de Californie.
Par ailleurs, les auditions ont été clôturées cette semaine dans le procès Butare, en cours depuis juin 2001. Quelques témoins seront cependant rappelés à la barre début 2009.L'affaire implique 6 accusés, parmi lesquels l'ancienne ministre de la Famille et de la promotion féminine, Pauline Nyiramasuhuko. Des témoins seront également rappelés dans l'affaire « Militaires II » qui concerne quatre officiers dont l'ancien chef d'Etat-major de l'armée, le général Augustin Bizimungu. Là encore les débats ont été déclarés clos.
Enfin, la défense de l'ancien directeur de cabinet au ministère de l'Intérieur, Callixte Kalimanzira, a été suspendue jeudi alors que 24 témoins venaient de passer à la barre. Le procès reprendra le 26 janvier pour deux semaines .
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