10.12.08 - RWANDA/FRANCE - REJET DE LA DEMANDE D'EXTRADITION D'ISAAC KAMALI

PARIS, 10 décembre 2008 (FH) - La justice française a émis mercredi un avis défavorable à la demande d'extradition formulée par le Rwanda à l'encontre d'Isaac Kamali, un Rwandais naturalisé Français, accusé par Kigali de génocide et de crime contre l'humanité, a-t-on appris de source judiciaire.

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La justice française était saisie depuis plus d'un an de cette demande d'extradition. M. Kamali a été arrêté en France le 22 juin 2007, après avoir été refoulé des Etats-Unis, en vertu d'un mandat d'arrêt international émis par le Rwanda en octobre 2004. M. Kamali figure sur la liste des 93 personnes recherchées par le Rwanda pour leur rôle présumé dans le génocide.

Le Rwanda le réclamait pour sa participation présumée au génocide dans la préfecture de Gitarama. M. Kamali a été condamné en mars 2003 à la peine de mort par un tribunal rwandais. La peine capitale a été abolie en février 2007 au Rwanda.

Me Jean-Marie Biju-Duval, l'avocat de M. Kamali, s'est félicité de cette décision. Le parquet général de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris s'était prononcé en défaveur de cette demande d'extradition.
Placé en détention à l'issue de son arrestation en juin 2007, M. Kamali a été remis en liberté le 14 août suivant. Naturalisé Français en 2002, il vit dans le sud-ouest de la France où il enseigne les mathématiques.

Avant de se prononcer sur cette demande, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris avait souhaité que les autorités rwandaises précisent leurs accusations contre Isaac Kamali et apportent à la procédure des pièces manquantes. C'est la deuxième fois que la justice française répond défavorablement à une demande d'extradition rwandaise.

Les relations diplomatiques entre la France et le Rwanda ont été rompues en novembre 2006 à la suite de mandats d'arrêts lancés contre neuf proches de l'actuel président Paul Kagame dans le cadre de l'enquête sur l'attentat contre l'avion du président Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994. La justice française estime que Paul Kagame a commandité cette attentat. Une thèse réfutée par Kigali.

Le 20 novembre dernier, Rose Kabuye, chef du protocole du président rwandais, arrêtée en Allemagne puis transférée en France, a été mise en examen pour "complicité d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste" pour son rôle présumé dans cet attentat. Elle a été laissée en liberté sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter la France.

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