10.02.09 - TPIR/KALIMANZIRA - KALIMANZIRA DRESSE UN BILAN NEGATIF DU MULTIPARTISME AU RWANDA

Arusha, 10 février 2009 (FH) - Au premier jour de son témoignage pour sa propre défense devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), l'ancien directeur de cabinet au ministère de l'Intérieur, Callixte Kalimanzira, a dressé mardi un bilan négatif du multipartisme de 1991 à 1994 dans son pays.

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« Ce qui se disait dans les meetings politiques était regrettable ; c'étaient des insultes ; certains administrés en ont profité pour chasser par la force leurs autorités administratives. Le multipartisme dans notre pays a été sauvage », a raconté l'ex-haut fonctionnaire rwandais.

« Je voulais le changement mais un changement dans l'ordre, pas un changement dans la violence (...) Le multipartisme a été un échec au Rwanda », a affirmé Kalimanzira qui témoignait en langue rwandaise.

« Les partis d'opposition n'avaient pas de projet de société ni de programme politique ; c'était la lutte pour le pouvoir à tout prix », a soutenu cet agronome de formation qui appartenait au Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND), parti présidentiel à l'époque.

Abordant ses relations avec les Tutsis, ce Hutu originaire de la préfecture de Butare (sud), a nié avoir jamais pratiqué la discrimination ethnique dans sa vie professionnelle ou sociale.

« Je traitais tout le monde de la même façon. Mon père avait d'ailleurs une femme tutsie ; c'était comme une mère pour nous, et ma sœur puînée était mariée à un Tutsi », a -t- il déclaré.

Il a également fait valoir que les parrains et marraines de ses enfants étaient des Tutsis.

Son épouse, Salomé Mukantwali, qui a déposé pour lui jeudi dernier, était assise lundi dans la galerie du public.

Kalimanzira a été nommé directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur, Faustin Munyazesa, en septembre 1992. En tant que deuxième personnalité de ce département, il en assura la direction en avril et mai 1994, le ministre Munyazesa ayant choisi de ne pas rentrer de sa mission à l'étranger, après l'assassinat du président Juvénal Habyarimana.

Le procureur accuse Kalimanzira d'avoir apporté son appui à la politique du gouvernement intérimaire sous lequel fut perpétré le génocide et surtout d'avoir usé, de son influence, pour inciter aux massacres de Tutsis dans sa région natale de Butare.

Kalimanzira, 43 ième et dernier témoin de sa défense qui a débuté le 17 novembre 2008, poursuivra sa déposition mercredi.

Le procès s'est ouvert le 5 mai 2008.

Le procureur a terminé son accusation le 30 juin 2008 après avoir fait comparaître 24 témoins en 16 jours d'audience.

L'ex-directeur de cabinet s'est rendu aux autorités tanzaniennes en novembre 2005, en provenance de Nairobi, au Kenya voisin, où il vivait avec sa famille.

  

ER/GF

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