Pendant le génocide de 1994, l'homme d'église était aumônier militaire.
« La chambre condamne Emmanuel Rukundo à une peine unique de 25 ans d'emprisonnement », a déclaré le juge président Joseph Asoka de Silva, en bouclant la lecture d'un résumé du jugement.
« Les actes de Rukundo faisaient bel et bien partie du génocide. Lorsqu'il commettait ces crimes, il avait l'intention de détruire en tout ou en partie le groupe ethnique tutsi », a indiqué le juge.
Selon la chambre, le prêtre catholique a participé, en avril 1994, en collaboration avec des militaires et des miliciens Interahamwe, à l'enlèvement et aux tueries de Tutsis qui avaient cherché refuge au Petit séminaire Saint Léon à Gitarama (centre).
La chambre a par ailleurs conclu que l'homme d'église avait « agressé sexuellement le témoin CCH (une femme tutsie) comme celle-ci l'a décrit » dans son témoignage. « Elle a subi une agression sexuelle qui a porté atteinte à son intégrité mentale », soulignent les juges.
Selon le jugement, l'abbé a tenté, le 21 mai 1994, dans une chambre au Petit Séminaire Saint Léon, de violer cette femme tutsie. N'étant pas parvenu à la pénétrer parce qu'elle résistait de toute sa force, il s'est contenté de la caresser et a fini par éjaculer, indique le résumé du jugement. CCH a été abusée par « une personne au visage familier, une personne de confiance et en position d'autorité », souligne le texte.
Pendant la lecture de ce résumé, le prêtre semblait désespéré, la main appuyée au creux de sa joue.
Le 20 février 2008, le substitut du procureur, le Camerounais William Egbe avait requis la prison à perpétuité contre Rukundo tandis que le conseil de la défense, Me Aïcha Condé du barreau de Paris, avait demandé l'acquittement.
L'homme d'église a été arrêté en Suisse en juillet 2001 et transféré au centre de détention du TPIR deux mois plus tard. Son procès a débuté le 15 novembre 2006.
Il est, après l'ancien vicaire de Nyange (ouest), Athanase Seromba condamné définitivement à la prison à vie, le deuxième prêtre catholique à avoir comparu devant le TPIR
Le 12 février dernier, le procureur a requis la prison à perpétuité contre l'abbé Hormisdas Nsengimana, troisième responsable de l'église catholique jugé par le TPIR.
Le dernier prêtre catholique inculpé par ce tribunal, l'abbé Wenceslas Munyeshyaka, sera jugé en France, conformément à une décision de dessaisissement du TPIR.
ER/GF
© Agence Hirondelle