Considéré comme un «rescapé», Rugeruza est accusé de « complicité dans l'assassinat de Camille Kayitani et du pillage de ses biens, d'association de malfaiteurs et du dressage des barrières », selon l'acte d'accusation A sa 3ème audience samedi, la juridiction a entendu 2 témoins de l'accusation et la défense de l'accusé. Une autre audience est prévue samedi prochain. « Dans son rapport de la mi-Avril, Ibrahim Ndayitabi, responsable de cellule, a mentionné la mort de Kayitani abattu par Karim, le neveu de sa femme, et il disait que c'est Gasongo qui le lui avait livré », a expliqué Amri Karekezi, ancien conseiller de secteur, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Ibrahim, un ancien responsable de cellule, condamné mais qui a terminé de purger sa peine, est venu confirmer ce témoignage. Rugeruza nie les faits et dénonce un règlement de compte, parce qu'il a « témoigné contre tous les génocidaires de Biryogo dont ses deux détracteurs ». Partisans des deux camps s'opposent et Christine Shamukiga, la présidente de la juridiction, les met en garde : « vous êtes là pour entendre et dire ce que vous savez, non pour nous dire ce que nous devons faire. La prochaine fois, nous allons appliquer la loi ! ». Dieudonné Kayitare, le représentant d'Ibuka, la principale organisation de rescapés a cependant relevé une irrégularité : Karekezi, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, et partant à la dégradation civique, en vertu de l'art.76 de la loi sur les gacaca, a témoigné sous serment, ce qu'il ne peut faire. « Nous ne savions pas que c'était interdit. Je vais demander aux autres ! », dit l'un des juges. SRE/PB/GF © Agence Hirondelle