Le condamné, 40 ans, était pendant le génocide, adjoint au bourgmestre (maire) de la commune Butamwa et chef de la milice Interahamwe dans cette commune. Il a été classé et jugé dans la 1ère catégorie des planificateurs du génocide de 1994.
Le jury gacaca l'a reconnu coupable de planification et organisation du génocide à Butamwa, exécution et supervision du génocide, incitation au génocide par de multiples réunions, établissement de listes de Tutsis à tuer, recrutement et entraînement de miliciens, distribution d'armes, complicité d'assassinats de plusieurs familles dont celle de Rudasingwa.
L'un des principaux témoins à charge, Ildephonse Kabanda est un ancien camarade de classe et ex- collègue de travail de l'accusé. Pour lui, Muhizina a toujours fait preuve de discrimination et n'a jamais porté les Tutsis dans son coeur. Dans son témoignage, au début du procès, Kabanda avait déclaré, s'adressant à son ancien condisciple « Pendant le génocide, tu étais comblé, n'est-ce pas ? Tu as toi-même ordonné d'assassiner les intellectuels (tutsis), dont moi-même : une façon d'assouvir une soif que tu nourrissais depuis l'enfance! ».
Imperturbable pendant tous les débats, M. Muhizina avait plaidé non coupable pour tous les chefs d'accusation : il n'a jamais su qu'un génocide se préparait ni qui était visé. « Je n'étais au courant de rien », avait- il déclaré pour toute conclusion.
Avant le jugement de Muhizina, la même juridiction d'appel de Mageragere avait déjà condamné à la réclusion criminelle à perpétuité l'homme d'affaires Emmanuel Sekamana, présenté comme son principal bras droit, et Jean Rufifi, ancien greffier en chef à la cour d'Appel de Kigali et président local de la Coalition pour la Défense de la République (CDR), un parti qui ne cachait pas son hostilité aux Tutsis même avant le génocide.
Selon le jugement, Rufifi avait sillonné toute la commune Butamwa, même bien avant avril 1994, pour « la sensibilisation au génocide ».
En une seule semaine, la juridiction gacaca de Mageragere vient de juger 9 accusés dont 6 condamnés à la peine maximale et 3 acquittés, selon Meschack Rumenge, président de la juridiction.
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Agence Hirondelle