24.03.09 - TPIR/NSHOGOZA - UN TEMOIN QUALIFIE SES DECLARATIONS ANTERIEURES DE « MENSONGERES »

Arusha, 24 mars 2009 (FH) - Une femme citée pour la défense de l'avocat rwandais Léonidas Nshogoza, poursuivi pour subornation de témoins devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), a renié lundi après-midi ses déclarations antérieures, les qualifiant de « mensongères ».

2 min 18Temps de lecture approximatif

Désignée pour son témoignage par le nom de code A10, la dame a prié les juges de ne considérer que sa déposition devant eux.

Les faits reprochés à Nshogoza se seraient déroulés à Kigali et à Gasabo (banlieue de Kigali) ainsi qu'à Arusha, entre le 1er mars 2004 et le 31 mai 2005.

Alors qu'il travaillait comme enquêteur pour le compte de la défense de l'ex-ministre de l'Enseignement supérieur, Jean de Dieu Kamuhanda, qui venait de perdre son procès en première instance, l'avocat rwandais aurait, selon l'accusation, suborné 5 témoins, pour obtenir d'eux des témoignages favorables à l'ancien membre du gouvernement pour la procédure en appel.

La chambre d'appel a confirmé la condamnation de Kamuhanda à la prison à perpétuité, accordant foi, tout comme les premiers juges, aux témoins qui avaient affirmé avoir vu l'ex-ministre donner le coup d'envoi des massacres le 12 avril 1994 dans sa localité d'origine de Gikomero, près de Kigali.

Parmi eux, se trouvait un homme que A10 a désigné à l'audience de lundi par le code «numéro 21 ». Or, la dame qui était citée comme septième témoin de la défense de Nshogoza, avait affirmé dans une déclaration écrite en 2005 que le numéro 21 avait menti, qu'il ne se trouvait pas en réalité à Gikomero le 12 avril 1994.

Interrogée en novembre dernier par la défense de Nshogoza, elle avait affirmé une nouvelle fois n'avoir pas vu « le numéro 21 » à cette date à Gikomero.

A la grande surprise de Me Allison Turner, l'avocate canadienne de Nshogoza, elle a fait lundi un récit diamétralement opposé. « Je suis allée à Gikomero le 11 avril (1994) (...) J'ai vu le numéro 21 dans la concession de la paroisse de Gikomero le 12 avril 1994 ».

Pressée de questions, elle a fini par lâcher : « En 2005, j'ai fait une déclaration mensongère, je vous dis maintenant la vérité devant la chambre ».

Elle a expliqué qu'en 2005, le numéro 21 l'avait priée de ne jamais mentionner qu'elle l'aurait aperçu ce jour-là à Gikomero.

« Dans ma déclaration antérieure, je voulais sauver le numéro 21 mais maintenant, je crois que je me trouve en fâcheuse posture, je dois me sauver moi-même », a-t-elle répondu à Me Turner qui l'interrogeait sur les raisons de ses contradictions.

L'avocate canadienne doit encore citer 4 témoins dont l'accusé en personne.

Me Nshogoza encourt une peine maximale de cinq ans de prison ou une amende de 10.000 dollars américains, voire les deux.

Son procès a débuté le 9 février dernier. Le procureur a terminé son accusation 10 jours plus tard après avoir fait comparaître 5 témoins.

NI/ER/GF

Agence Hirondelle