M. Kagame s'exprimait lors de la 15 ième commémoration annuelle de ce génocide au cours duquel près de 800.000 personnes, essentiellement tutsies, furent tuées d'avril à juillet 1994, selon les Nations Unies.
« Quand nous commémorons, la vie doit continuer ; nous devons construire un meilleur avenir. Nous devons regarder devant nous », a déclaré le chef de l'Etat rwandais qui présidait une cérémonie sur la colline de Nyanza, dans la ville de Kigali.
« Notre avenir, nul n'en décidera à notre place », a-t-il martelé à plusieurs reprises. « Il est clair que cela n'est pas facile de construire sur les cendres de plus d'un million de vies humaines », a-t-il souligné, saluant « les remarquables progrès » enregistrés depuis 1994.
Kagame a notamment cité « les espaces de rencontres » entre rescapés du génocide et bourreaux, estimant que « là où cela a lieu, tout est possible ». Pour lui, ceux parmi les bourreaux qui ont fait le choix de l'aveu et du plaidoyer de culpabilité ont décidé, eux aussi, « d'aller de l'avant ».
Par ailleurs, le président rwandais s'en est pris à la communauté internationale, l'accusant d'être à l'origine du génocide et d'avoir abandonné les Tutsis à leurs bourreaux pendant le génocide.
« Ils portent une responsabilité dans l'histoire du génocide, ils font partie des causes profondes du génocide », a-t-il affirmé sans désigner nommément aucun pays.
« Ils ont abandonné les gens qu'ils étaient venus protéger. Ne sont-ils pas coupables ? », a poursuivi le chef de l'Etat rwandais lors de cette cérémonie qui était retransmise en direct sur les radios rwandaises. « C'est aussi de la couardise », a ajouté le président rwandais, dont le discours a été le point d'orgue de cette première journée de deuil national en mémoire des victimes du génocide.
Sur la colline de Nyanza, plusieurs milliers de Tutsis qui y avaient cherché refuge ont été massacrées le 11 avril 1994 après le retrait du contingent belge de la force de l'ONU au Rwanda.
S'exprimant quelques minutes avant le chef de l'Etat, un rescapé de Nyanza, Vénuste Karasira, a relaté son calvaire.
Après le départ des Belges, « les (miliciens) Interahamwe nous ont encerclés de toutes parts (...) Puis ils ont ouvert le feu, lancé des grenades (..) J'étais couché au milieu des cadavres, couvert de sang et de morceaux de chair, ils m'ont cru mort », a raconté Gasasira.
Touché au bras, il a ajouté que les rares rescapés de Nyanza sont tous handicapés.
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