20.04.09 - TPIR/KALIMANZIRA - LE PROCUREUR REQUIERT LA PRISON A VIE CONTRE UN EX-HAUT FONCTIONNAIRE

Arusha, 20 avril 2009 (FH) - Le procureur a requis lundi la prison à vie à l'encontre de Callixte Kalimanzira, un ancien haut fonctionnaire rwandais jugé pour génocide devant Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), a constaté l'agence Hirondelle.

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Kalimanzira, agronome de formation, était, en 1994, directeur de cabinet au ministère de l'Intérieur, poste qui faisait de lui le plus haut responsable du département après le ministre.

« Le procureur est d'avis que Callixte Kalimanzira devrait être condamné à l'emprisonnement pour le reste de sa vie », a déclaré Ousman Jammeh. « Il a volontairement participé à la politique (génocidaire), en mobilisant tant de Hutus, en ordonnant d'ériger des barrages routiers » auxquels les Tutsis étaient tués, a poursuivi M. Jammeh.

Le représentant du procureur a souligné «l'engagement personnel de Kalimanzira dans l'exécution du génocide, une tragédie qui continue de choquer la conscience de l'humanité ».

« Il n'y a pas de circonstances atténuantes dans cette affaire », a insisté le substitut du procureur, affirmant que l'accusé avait abusé de son influence auprès de la population de la préfecture de Butare (sud) dont est il est originaire.

Pour sa part, le conseil principal de la défense, Arthur Vercken du barreau de Paris, a demandé l'acquittement, dénonçant « un dossier extrêmement pauvre et insignifiant ».

Reprochant au procureur de procéder « par arrangements successifs avec la vérité », Me Vercken a affirmé que Kalimanzira n'avait « aucun pouvoir décisionnel » dans son département en avril et mai 1994.

En l'absence du ministre Faustin Munyazesa, qui avait choisi de ne pas rentrer de sa mission à l'étranger après l'assassinat du président Juvénal Habyarimana, l'accusé « n'assurait que les affaires courantes », a plaidé l'avocat français.

La date du jugement sera annoncée ultérieurement.

Les faits les plus graves  portés contre cet ancien haut fonctionnaire concernent le rôle qu'il aurait joué dans le massacre de milliers de Tutsis qui avaient cherché refuge sur la colline de Kabuye, dans la sous-préfecture de Gisagara (préfecture de Butare)  vers la fin avril 1994. Perpétrées par des soldats, des miliciens Interahamwe et des réfugiés hutus burundais, les tueries de Kabuye ont duré plusieurs jours, selon l'accusation.

Le procès Kalimanzira s'est ouvert le 5 mai 2008.  Le procureur a terminé son accusation le 30 juin 2008 après avoir fait comparaître 24 témoins. De son côté, la défense a été close le 11 février dernier au terme de la déposition de l'accusé, 43e et dernier témoin à décharge.

L'ex-directeur de cabinet s'est rendu aux autorités tanzaniennes en novembre 2005, en provenance de Nairobi, au Kenya voisin, où il vivait avec sa famille.

ER/GF

© Agence Hirondelle