18.05.09 - TPIR/KAREMERA - UN EX-DIRIGEANT DU MRND VITUPERE CONTRE SES ANCIENS OPPOSANTS

Arusha, 18 mai 2009 (FH) - Au premier jour de son témoignage devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), un ancien dirigeant de l'ex-parti présidentiel, Edouard Karemera, a traité ses anciens opposants d'« opportunistes » et les a accusés d'avoir contribué à la destruction du pays, en incitant à la désobéissance civile.

2 min 36Temps de lecture approximatif

Jugé pour génocide devant ce tribunal des Nations Unies, l'ancien vice- président du Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND) plaide non coupable.

Karemera a d'abord reproché aux anciens partis d'opposition d'avoir, en juin 1992, à Bruxelles, signé « une alliance d'opportunité» avec l'ex-rébellion du Front patriotique rwandais (FPR, actuellement au pouvoir) en vue de renverser le régime du président Juvénal Habyarimana. Il a affirmé qu'au lendemain de cette rencontre avec « l'agresseur du Rwanda », la base du MRND avait réclamé la dissolution de la coalition gouvernementale alors dirigée par le Premier ministre, Dismas Nsengiyaremye, qui venait du Mouvement démocratique républicain (MDR), principal parti de l'opposition à l'époque. « Le président Habyarimana a hésité et ça nous a été fatal », a déclaré l'ancien vice-président du MRND.

Karemera a également accusé les forces de l'opposition d'avoir recouru à « la funeste politique de la désobéissance civile qui s'est étendue sur tout le pays ». « Le MDR et ses alliés recrutaient par la force », a-t-il dit, dénonçant une nouvelle fois « cette funeste politique prônée par le Premier ministre Dismas Nsengiyaremye ». Cette stratégie de désobéissance civile s'est notamment traduite par la destruction de certaines réalisations, a raconté Karemera qui a fondu aussitôt en larmes. « Monsieur le président, je m'excuse, veuillez comprendre mon émotion, j'ai participé au développement de ce pays mais j'ai dû assister aussi à sa destruction », a-t-il indiqué après s'être essuyé avec un mouchoir.

Détenteur d'une licence en droit obtenue en 1976 à l'Université catholique de Louvain, en Belgique, Karemera, originaire de l'ancienne préfecture de Kibuye (ouest) fut ministre, député, membre du comité central du MRND au temps où ce dernier regroupait tous les Rwandais « dès leur naissance ».

En 1990, il fut nommé président de « la commission nationale de synthèse » mise en place par le président Habyarimana, avec pour mandat de répondre à la question de savoir si les Rwandais voulaient s'ouvrir au multipartisme.

En juin 1991, il est désigné Secrétaire national du « MRND- nouvelle formule » avant d'en être élu premier vice-président en avril 1993. « Je ne suis plus vice-président, le parti n'existe plus, le FPR l'a dissous », a-t-il plaisanté.

En mai 1994, en plein milieu du génocide, il est porté à la tête du ministère de l'Intérieur, poste qu'il occupera jusqu'à son départ du Rwanda, « le 16 juillet 1994, vers 11 heures » pour un exil qui le conduira d'abord dans l'ex-Zaïre, puis au Kenya, au Gabon et enfin au Togo où il a été arrêté le 05 juin 1998.

Sa déposition devrait durer environ deux semaines, selon les prévisions de ses avocats. Karemera est le premier à présenter sa défense dans cette affaire où il comparaît avec les anciens président et secrétaire national du MRND, Mathieu Ngirumpatse et Joseph Nzirorera.

ER/GF

© Agence Hirondelle