19.05.09 - TPIR/KAREMERA - UN EX- MINISTRE AFFIRME QUE LE GOUVERNEMENT ETAIT IMPUISSANT EN 1994

Arusha, 19 mai 2009 (FH) - L'ancien ministre de l'Intérieur et ancien vice-président de l'ex-parti présidentiel rwandais, Edouard Karemera, a affirmé mardi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) que le gouvernement en place pendant le génocide de 1994 était impuissant face aux massacres.

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« Il n'y avait plus d'autorité, ni de respect dans le pays, tous ceux qui se déplaçaient étaient confrontés aux exactions », a affirmé Karemera qui fut nommé ministre de l'Intérieur fin mai 1994, en remplacement de Faustin Munyazesa qui n'avait pas voulu rentrer de sa mission à l'étranger après l'assassinat du président Juvénal Habyarimana.

« Le pouvoir était dans la rue, sans escorte assez musclée, on pouvait se faire arrêter par des bandits », a poursuivi l'ex-ministre qui était également vice-président du Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND).

Karemera a soutenu que « même des colonels pouvaient être forcés à descendre de leurs véhicules » à certains barragers routiers.

« Le gouvernement a fait ce qu'il pouvait faire ; il a été débordé, c'est pourquoi nous sommes ici. Nous étions désarmés sur tous les fronts, c'est ça la vérité», a plaidé cet ancien avocat rwandais.

Défendant les discours prononcés par les plus hautes autorités du pays pendant le génocide contre les Tutsis, il a indiqué que ces messages étaient innocents et mis le procureur au défi de lui prouver qu'ils étaient codés, comme l'ont allégué des témoins à charge.

Parlant de son expérience personnelle après son entrée au gouvernement le 25 mai 1994, il a déclaré s'être trouvé face à « une administration complètement démantelée », parce que les agents étaient sur les routes.

« Je ne disposais d'aucun moyen pour assurer les responsabilités qui étaient les miennes, pour essayer de redresser la situation ; c'était une situation catastrophique pour tout le monde », a-t-il dit.

L'ex-ministre qui se trouve dans le box des témoins depuis lundi poursuivra sa déposition mercredi.

Accusé de crimes de génocide et de crimes contre l'humanité, il est jugé avec les anciens président et secrétaire général du MRND, Mathieu Ngirumpatse et Joseph Nzirorera. Tous les trois clament leur innocence.

ER/GF

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