Pendant le génocide de 1994, l'accusé était basé à l'Ecole des sous-officiers (ESO) à Butare (sud). Le procureur soutient qu'il en était le commandant intérimaire, ce que l'officier conteste.
Muvunyi va être rejugé pour un fait unique : un discours qu'il aurait prononcé lors d'une réunion publique vers fin mai 1994 au centre de négoce de Gikore, dans la commune Nyaruhengeri, en préfecture de Butare.
« Le discours du lieutenant-colonel Muvunyi à cette réunion comprenait des proverbes en kinyarwanda au langage incendiaire », soutient, dans son « mémoire préalable », Charles Adeogun-Phillips du bureau du procureur.
« Ces proverbes ont été compris par la population locale comme des appels à exterminer tous les Tutsis y compris les femmes et les enfants », écrit Adeogun-Phillips dans ce texte en anglais consulté jeudi sur le site internet du tribunal.
Il affirme qu'après ce discours, les paysans hutus de Gikore se sont mis à massacrer leurs voisins tutsis.
Pour étayer sa thèse, l'accusation entend citer, selon le même document, 6 témoins des faits et un expert, le socio-linguiste rwandais, Evariste Ntakirutimana, enseignant à l'Université nationale du Rwanda (UNR).
L'universitaire présentera à la chambre « une analyse socio-linguistique de certains termes polysémiques utilisés pendant le guerre de 1990 à 1994 au Rwanda ».
Lors de son témoignage au premier procès de Muvunyi en juillet 2005, le linguiste avait déclaré qu'au Rwanda, les paysans utilisent les proverbes plus souvent que les diplômes. Il avait souligné que ce mode d'expression prisé dans la culture rwandaise s'apprend, non pas à l'école, mais en famille et dans la société en général.
Le procureur du TPIR soutient que les appels à l'extermination des Tutsis étaient imagés pour ne pas choquer la conscience des observateurs étrangers.
Arrêté en février 2000 au Royaume uni et transféré 8 mois plus tard au centre de détention du TPIR, le lieutenant-colonel Muvunyi avait été condamné à 25 ans d'emprisonnement le 12 septembre 2006 après avoir été reconnu coupable de « génocide, incitation directe et publique à commettre le génocide et autres actes inhumains ».
Le 29 août 2008, la chambre d'appel avait annulé les déclarations de culpabilité ainsi que la peine, et ordonné un nouveau procès pour « incitation directe et publique à commettre le génocide », relativement au discours de Gikore.
ER/GF
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