25.06.09 - TPIR/MILITAIRES II - LES AVOCATS DES ANCIENS CHEFS MILITAIRES PLAIDENT L’ACQUITTEMENT

Arusha, 25 juin 2009 (FH) - Les avocats des anciens patrons de l'armée et de la gendarmerie rwandaises, poursuivis notamment pour génocide devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) ont, à tour de rôle, demandé jeudi l'acquittement de leurs clients, a constaté l'agence Hirondelle.

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Mercredi, le procureur avait requis la prison à vie contre les deux officiers généraux et leurs deux co-accusés.

S'exprimant le premier, lors cette phase ultime d'un procès qui a débuté en septembre 2004, Me Yves Saint- Laurent, l'avocat principal du général Augustin Bizimungu, ex-chef d'Etat-major de l'armée, a demandé « l'acquittement pur et simple sur chacun et tous les chefs d'accusation » portés contre l'ancien responsable militaire.

Le plaideur canadien a affirmé qu'à la nomination du général Bizimungu à la tête de l'armée le 16 avril 1994, les massacres étaient presque terminés dans plusieurs régions du Rwanda, notamment à Kigali.

Le procureur avait soutenu la veille que les tueries avaient redoublé d'intensité au lendemain de la promotion de l'accusé. « Il n'y a aucune preuve de cela », a réagi Me Saint-Laurent.

« Augustin Bizimungu a dû faire face à la guerre et au chaos. Que pouvait-il faire d'autre que ce qu'il a fait ? », a poursuivi le défenseur.

L'avocat a ensuite exprimé une série de dénis : son client n'avait pas d'autorité sur la Radio télévision libre des mille collines (RTLM) qui appelait explicitement aux massacres, n'entretenait pas de relation avec les miliciens Interahamwe, n'a jamais distribué d'armes à la population civile,...

Il a enfin déclaré que bon nombre des témoins venus charger le général étaient, au moment de leur audition, poursuivis pour leur rôle dans le génocide. Ils avaient « tout intérêt à mentir » pour trouver grâce aux yeux des autorités rwandaises, a ajouté Me Saint-Laurent.

La parole a été alors donnée à Christopher Black qui défend le général Augustin Ndindiliyimana, ancien chef d'Etat-major de la gendarmerie. « Si le général Ndindiliyimana est condamné, il n'y aura jamais de réconciliation au Rwanda», a estimé Me Black.

L'avocat a affirmé qu'au moment des faits l'essentiel des éléments de la gendarmerie étaient allés renforcer l'armée au front  pour tenter de contenir les rebelles. Là où il pouvait encore disposer de quelques « petites unités », a plaidé Me Black, le général Ndindiliyimana n'avait pas de communication avec elles.

Le défenseur canadien a souligné qu'en dépit de cette situation, son client était intervenu personnellement pour sauver des vies humaines.

La chambre a ensuite entendu les avocats du major François- Xavier Nzuwonemeye, qui commandait le bataillon de reconnaissance, et du capitaine Innocent Sagahutu qui était à la tête d'un escadron de cette unité.

Ils ont nié toute participation du bataillon de reconnaissance aux assassinats du Premier ministre Agathe Uwilingiyimana et des dix Casques bleus belges dans la journée du 7 avril 1994.

Vendredi, les accusés pourront, s'ils le souhaitent, s'adresser en personne, à leurs juges.

ER/GF

© Agence Hirondelle