Accusé notamment d'avoir tué des Tutsis qui s'étaient réfugiés dans des églises catholiques de l'ancienne préfecture de Cyangugu (sud-ouest), Yussuf Munyakazi, qui clame son innocence est, avec ses 74 ans, le plus âgé des détenus du TPIR.
Le procureur allègue que le septuagénaire a dirigé ces massacres en qualité de chef local de la jeunesse de l'ex-parti présidentiel, le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND).
Dans sa déclaration liminaire, Me Jwani Mwaikusa, l'avocat principal de Munyakazi, a affirmé que son client n'avait jamais été dirigeant de la jeunesse du MRND.
Le plaideur tanzanien a fait valoir qu'en plus de son âge déjà avancé à l'époque des faits, l'accusé était presque illettré.
Pour Me Mwaikusa, ce n'est pas à un tel homme qu'un parti aurait confié l'encadrement de ses jeunes adhérents.
Le premier témoin de la défense a abondé dans le même sens, en affirmant que Munyakazi n'était qu'un membre ordinaire du MRND, dans sa commune de Bugarama.
« Il n’y a pas de lien possible entre Munyakazi et l’aile jeunesse du MRND », a déclaré le témoin qui était interrogé par le deuxième avocat de la défense, Barnabé Nekuie, du barreau du Cameroun.
Désigné par le nom de code NKM, il a indiqué que l'accusé s'était opposé au meurtre d'un Tutsi nommé Esdras Musengayire et qu'en guise de représailles, les miliciens Interahamwe avaient tué un fils adoptif de Munyakazi le 7 avril 1994.
La défense se poursuit mardi.
Ce procès a débuté le 22 avril dernier. Le procureur a clos son accusation le 04 juin après avoir fait défiler 12 témoins à charge.
L'accusé a été arrêté en mai 2004 dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) où il se faisait passer pour un imam, sous le nom de Mzee Mandevu (littéralement, le vieux barbu en kiswahili).
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