Aide militaire française détournée en Egypte: la plainte de deux ONG classée sans suite à Paris

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La plainte déposée par deux ONG américaines visant les responsables français et égyptiens d'une opération antiterroriste de la France en Egypte qui aurait servi à des fins de répression interne, a été classée sans suite à Paris, a appris l'AFP de source proche du dossier jeudi.

Dans leur plainte contre X déposée en septembre au pôle crimes contre l'humanité du tribunal judiciaire de Paris, les deux ONG, Egyptians Abroad for Democracy et Codepink, visaient des "crimes contre l'humanité et torture ayant été commis par des responsables égyptiens" et une "complicité de crimes contre l'humanité par des responsables français" entre 2016 à 2019.

Les deux ONG s'appuyaient notamment sur des informations du média d'investigation Disclose datant de novembre 2021, selon lesquelles la mission de renseignement française "Sirli", débutée en février 2016 au profit de l'Egypte au nom de la lutte antiterroriste, avait été détournée par l'Etat égyptien qui s'était servi des informations collectées pour effectuer des frappes aériennes sur des véhicules de contrebandiers présumés, à la frontière égypto-libyenne, causant la mort de civils.

Malgré les inquiétudes et les alertes de certains responsables français sur les dérives de l'opération, les autorités tricolores n'auraient pas remis en cause la mission, d'après Disclose.

"Les éléments juridiquement nécessaires pour qualifier l'infraction de crimes contre l'humanité n'étant en l'état pas constitués, l'infraction de complicité de ce crime ne peut être qualifiée", a indiqué à l'AFP le parquet national antiterroriste (Pnat), confirmant le classement sans suite le 19 décembre de cette plainte, une information également dévoilée par Le Monde.

"Nous regrettons cette décision", a réagi Me Louise Dumas, avocate des plaignants, maintenant "que la plainte contenait des allégations spécifiques et détaillées de crimes relevant de la compétence universelle". "Nous étudions toutes les possibilités" de recours, a-t-elle ajouté, "notamment du côté de la Cour européenne des droits de l'Homme".

"Sur le plan politique, nous avons récemment rencontré plusieurs députés français, tant de l'opposition que de la majorité. Tous s'accordent à dire que la réponse politique a été beaucoup trop faible jusqu'à présent (...). Nous espérons qu'une commission d'enquête parlementaire sera mise en place", a aussi dit Me Dumas.

Une enquête est ouverte à Paris après une plainte du ministère des Armées pour "violation du secret de la défense nationale".

Au sein du ministère, une "enquête interne" a été annoncée "pour vérifier que les règles ont bien été appliquées" par l'Egypte.