04.09.09 - TPIR/MUNYAKAZI - LE DOYEN DES DETENUS DU TPIR A CITE 8 TEMOINS EN 3 JOURS

Arusha, 4 septembre 2009 (FH) - Le doyen des détenus du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), l'ancien petit commerçant Yussuf Munyakazi, 74 ans, a cité, cette semaine, 8 témoins en 3 jours d'audience.

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Munyakazi tente depuis lundi de réfuter la gravissime allégation selon laquelle il aurait dirigé des attaques meurtrières contre des Tutsis qui avaient cherché refuge dans des églises de la préfecture de Cyangugu (sud-ouest) pendant le génocide de 1994.

L'un des trois témoins à décharge entendus cette semaine, le prêtre catholique rwandais Thomas Nahimana, a nié mercredi que l'accusé ait participé aux attaques contre les Tutsis aux églises de Mibilizi et Nyamasheke. « Je n'ai jamais vu ni entendu parler de cela », a déclaré l'abbé Nahimana qui poursuit actuellement des études de philosophie en France.

Selon le jeune prêtre, qui n'était pas encore ordonné en 1994, des Tutsis avaient cherché refuge à l'église paroissiale de Mibilizi mais pas à celle de Nyamasheke.

S'agissant de Mibilizi, il a réfuté l'allégation selon laquelle Munyakazi y aurait lancé une attaque le 30 avril 1994, à la tête de jeunes miliciens.

Se basant sur des informations recueillies après le génocide, en qualité de président de la commission « unité et réconciliation » au niveau du diocèse de Cyangugu, l'homme d'église a affirmé n'avoir jamais entendu de mise en cause de Munyakazi pour ce qui est des assauts contre les édifices religieux.

Lorsque Segun Jegede, du bureau du procureur, l'a confronté aux nombreux témoignages à charge mettant en relief la responsabilité du septuagénaire dans le massacre d'une soixantaine de Tutsis à Mibilizi, il a répondu : « Je ne peux raconter que ce que j'ai vu ».

Un autre témoin cité le même jour, Faustin Ntakirutimana, qui enseignait à l'école primaire pendant le génocide, a nié la responsabilité de Munyakazi dans des attaques à l'église de Shangi. Selon de nombreux témoignages, a-t-il dit, cette église a été attaquée par un groupe de jeunes miliciens menés par un certain Pima.

Après ces deux dépositions, le procès a été suspendu jusqu'à lundi prochain. Mzee Mandevu (le vieux barbu, en kiswahili) doit encore citer 17 témoins avant de boucler sa défense. Pour sa part, le procureur a terminé son accusation le 4 juin après avoir fait comparaître 12 témoins.

Munyakazi a été arrêté en mai 2004 dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Son procès a démarré le 22 avril dernier.

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