28.09.09 - TPIR/ZIGIRANYIRAZO - JOURNEE D'APPEL POUR PROTAIS ZIGIRANYIRAZO

Arusha, 28 septembre 2009 (FH) - La chambre d'appel du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a entendu lundi les arguments respectifs de l'Accusation et de la Défense dans le procès de Protais  Zigiranyirazo, ancien beau-frère du président défunt Juvénal Habyarimana, condamné en première instance à 20 ans de prison.

2 min 20Temps de lecture approximatif

Dans un jugement rendu le 18 décembre 2008, la chambre de première instance avait condamné l'accusé à 20 ans de prison pour génocide, et à 20 autres années pour extermination après l'avoir reconnu coupable des massacres survenus sur la colline de Kesho (préfecture de Gisenyi, nord du Rwanda). Il avait également été condamné à 15 ans pour sa participation au barrage de Kiyovu, à Kigali, où de nombreux Tutsis furent massacrés en avril 1994.

 La Défense, conduite par John Philpot, le conseil principal de l'accusé, a soumis 17 motifs d'appel, réfutant en particulier les inculpations - et les peines - relatives au massacre de Kesho et au barrage routier de Kiyovu.

"Il n'était pas présent à Kiyovu et d'ailleurs ce barrage lui-même n'a jamais existé", a affirmé M. Philpot, insistant sur le fait que la chambre de première instance avait mal compris la défense d'alibi présentée après un transport sur les lieux de la cour, en novembre 2008.

Selon la Défense, cette visite des lieux prouvait qu'il était impossible à l'accusé d'être à Kanombe, où se tenait, le 8 avril à 8.00, la veillée du corps du président défunt, puis deux heures plus tard sur la colline de Kesho où se sont déroulés les massacres.

De leur côté, les représentantes de l'accusation, la canadienne Linda Bianchi et la suédoise Christine Grhama, ont maintenu dans des réponses séparées que la chambre de première instance n'avait pas commis d'erreur, comme le démontrait les dépositions de nombreux témoins crédibles. En revanche, l'accusation a estimé que la peine n'était pas proportionnelle aux actes, car il ne devait pas y avoir de circonstances atténuantes.

L'Accusation a requis une sentence plus lourde tandis que la Défense a demandé l'acquittement ou une réduction substantielle de la peine.

Intervenant à son tour, Protais Zigiranyirazo a déclaré : "Je suis accusé parce que je suis le beau-frère de Juvénal Habyariamna, qui était la source de la paix et de l'unité." Il a affirmé que le président comme lui-même avaient des relations cordiales avec les Tutsis et qu'il ne pouvait imaginer l'impensable, le massacre des Tutsis. Il a précisé qu'une de ses femmes était tutsi, et que son avocat personnel et plusieurs de ses collaborateurs l'étaient également.

"Je ne suis pas un tueur; je n'ai tué aucun tutsi sur la colline de Kesho le 8 avril 1994. J'étais à Kanombe avec ma soeur qui veillait son défunt mari", a-t-il répété.

La Chambre d'appel dirigée par le juge américain Theodor Meron a clos l'audience. Elle entendra demain le cas en appel de Simeon Nshamihigo.

NI/SC/GF

 © Agence Hirondelle